Niépce correspondance et papiers

1462 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS Appendice cette déclaration de Jean Vivié 1 : La Société Française de Photographie reçut d’ailleurs, en 1890, du petit-fils de N. Niepce 2 , une photographie de nature morte sur verre au bitume de Judée, enregistrée dans le jardin du Gras et dont on ne possède plus qu’une reproduction en simili-gravure exécutée en 1891, car un membre du Conseil d’administration de la Société brisa l’original en voulant en exécuter une reproduction photographique 3 . Ce que nous pensons. Disons le tout de suite, l’hypothèse d’une malveillance destinée à éliminer l’incunable, ne nous paraît pas la plus probable 4 . A cette époque, tournée vers le progrès et les avancées techniques, l’intérêt porté à l’histoire de la photographie était faible, la polémique Niépce/Daguerre sommeillait sous une formule vide de sens 5 , et l’on peut même avancer que la tendance du moment était plutôt favorable à Nicéphore. Inconcevable, nous l’avons dit, l’hypothèse d’un prêt sans retour pour l’étranger nous paraît devoir être éliminée. Nettement plus plausible, celle d’un vol ne peut être écartée. Il nous semble quant à nous que l’incunable pourrait aussi avoir disparu par négli- gence pure et simple, oublié ici ou là, un jour ou l’autre, bêtement. Mais ce ne sont là que des impressions très générales. En revanche, l’hypothèse d’une destruction accidentelle, évoquée à la fois par Schade, par Vivié et plus ou moins par Potonniée, mérite une attention particulière, surtout à la lumière de la précieuse révélation à laquelle ce dernier s’est livré et sur laquelle nous reviendrons largement, à savoir qu’il s’agissait d’une image sur verre. Force est de constater que postérieurement à la lettre du 25 novembre 1891 adressée par Davanne à la Société Française de Photographie, aucune pièce n’atteste de la réalité matérielle de l’original de la table servie . A cet égard, Le Musée rétrospectif publié en 1903 pourrait bien être un leurre. Précisons bien : — qu’aucun témoignage direct ne permet d’affirmer que l’incunable ait été exposé dans l’une des vitrines de la section rétrospective de l’Exposition de 1900. — que la note portée en première page du Musée rétrospectif publié en 1903, spécifie que les photogravures qu’il contient ont été « prises le plus souvent [restriction qui mérite d’être soulignée] sur les pièces originales qui formaient l’ensemble de ce Musée ». — que tel fut effectivement le cas de la photogravure de la table servie , mais à partir d’un cliché réalisé longtemps auparavant, ce que nous prouverons 6 . 1. Membre du Conseil d’administration de la Société Française de Photographie. Ingénieur civil des Mines. Palmes académiques (février 1972) ; promu officier pour services rendus à l’enseignement technique. Débute en 1934 par des cours de cinéma à l’Ecole Technique de Photographie et de Cinématographie de la rue de Vaugirard. Chargé de l’enseignement général de la technique cinématographique lorsqu’en 1946 Robert Mauge (président de la S.F.P. en 1972) prend la direction de l’Ecole. Le Conseil d’administration de la Société proposera sa réélection lors de l’assemblée générale du 1er juin 1972. (B.S.F.P. avril 1972). Il décé- dera trois mois plus tard, fin septembre. 2. Erreur déjà signalée. 3. P.C.R. avril 1972, p. 156. Remarquer d’une part que Vivié ne fait pas de lien direct entre la réalisation du cli- ché destiné à la similigravure et la prise de vue qui a causé la destruction, d’autre part qu’il n’indique pas l’année de cet accident. 4. Elle n’est cependant pas à exclure. Ce ne serait pas un cas isolé dans l’histoire des documents Niépce. 5. Il était entré dans les habitudes d’écrire que la photogahie était l’invention de Niépce et Daguerre. 6. V. paragr. C, § 2.

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