Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 1465 App. XXIV la première Exposition internationale de Photographie 1 , profité de « l’offre » de Laussedat 2 pour révéler l’existence de la table servie et en attribuer la paternité à Nicéphore. C’était beaucoup, plutôt audacieux si l’on songe que la nature de l’incunable lui échappait, ainsi qu’on va le voir. En toute logique, la nécessité d’une analyse scientifique, seule démarche sensée, s’im- posa sans tarder 3 , afin d’en connaître les résultats avant l’ouverture de l’Exposition, en avril. Celle-ci étant organisée sous le haut patronage des trois ministères de l’Instruction publique et des Beaux-Arts ; du Commerce, de l’Industrie et des Colonies ; des Travaux publics ; ainsi que sous celui de la Société Française de Photographie, il était en tout cas parfaitement normal qu’on cherche à savoir exactement à quoi s’en tenir. L’analyse fut-elle demandée ? Eut-elle lieu 4 ? Trouva-t-on malgré tout hasardeux d’ex- hiber officiellement l’incunable sous le nom de Niépce ? La Société Française de Photographie sut-elle convaincre Davanne de se ranger momentanément à la raison d’Etat ? Aucune de ces interrogations n’est de mauvais aloi. Sauf à penser que Davanne, incapable d’assimiler l’incunable à une héliographie (peut-être même après analyse), très probablement pris de doutes, se trouva particulière- ment embarrassé, comment comprendre, aussi bien dans le fond que dans la forme, sa démarche de 1903 et sa décision de faire réimprimer la table servie dans Le Musée rétros- pectif ? Certes avait-il été personnellement dépositaire de cette œuvre et en était-il recon- naissant à la famille de l’inventeur, mais cela ne suffit pas à justifier cet ouvrage, dans lequel il resservit intacte l’information publiée en 1892, sans la moindre information com- plémentaire, sans un mot d’explication sur le silence qu’il observa au cours des douze années suivantes et qu’il gardera jusqu’à sa mort. Il nous semble qu’en publiant une nouvelle fois l’image du joyau de la « collection de la Société Française de Photographie 5 », mais en se bornant à redonner acte du témoignage des Niépce, Davanne tint à léguer à la postérité, le plus objectivement possible, une énigme qui le dépassait. Il est évident qu’autour de lui, personne ne crut que cette image était de Niépce. Mais en ces temps plutôt favorables au Bourguignon, nulle voix ne s’éleva pour le dire. Davanne eût-il mesuré l’effet pervers de son propre silence sur l’histoire de la photographie et décidé pour cette seule raison de rééditer la table servie , son intention n’en serait que plus louable. Néanmoins, vaine fut cette précaution puisque ses successeurs ignoreront la table ser- vie ou tenteront de dénier sa réalisation par Nicéphore. Il faudra attendre 1952 et la décou- verte du point de vue pris de la fenêtre par Gersheim, pour que la paternité de l’invention de la photographie revienne de droit et sans discussion à Niépce. Dans un premier temps, nous-mêmes avons douté. Influencés par nos prédécesseurs mais aussi par notre expérience du temps de pose dans le procédé de Niépce, nous avons 1. Photo-Gazette (périodique mensuel daté du 25 de chaque mois) en fit connaître la date d’inauguration dans son numéro du 25 décembre 1891. 2. Lettre de Laussedat à Davanne, en date du 4 novembre 1891 (déjà citée) : « [...] je viens vous renouveler l’offre que je vous ai faite d’organiser, cet hiver, une série de conférences [...]. La première conférence pourra avoir lieu le 22 9 bre courant [...] ». 3. Quelque hypothèse qu’on privilégie, la date de 1909 avancée par Schade pose un problème. 4. Cette question vaut aussi bien pour cette époque que pour les années qui suivirent. 5. Crédit en fin de livre.

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