Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 1467 App. XXIV chambre obscure ? Pourquoi cette image fit-elle l’objet d’un don confidentiel à Davanne ? N’est-ce pas précisément parce que, contrairement aux copies de gravures, la table servie était le fruit de la collaboration avec Daguerre ? N ATURE DU SUPPORT . Entre 1891 et 1909, période la plus longue pendant laquelle la Société Française de Photographie est supposée avoir conservé la table servie , jamais personne ne mentionna la nature de son support. G. Potonniée qui l’indiqua en 1920, avait même ignoré longtemps l’existence de cette nature morte 1 ; nous l’avons dit. Comment Potonniée avait-il appris qu’il s’agissait d’une image sur verre ? Laussedat était mort en 1910, Davanne en 1912 ; en revanche le photograveur Ch.-G. Petit, membre de la Société Française de Photographie, rappelons-le, était encore vivant. Celui-ci avait eu entre les mains le cliché photographique de la table servie, mais n’avait-il pas vu aussi l’ori- ginal ? Avait-il renseigné Potonniée ? H ÉLIOGRAPHIE OU PHYSAUTOTYPE ? P ROPOSITION DE DATATION . Si cette image était de Niépce, alors il ne pouvait s’agir que d’une héliographie ou d’un physautotype. Une telle affirmation ne peut être exprimée que depuis 1992, année où nous avons redécouvert et reconstitué pour la première fois le procédé au résidu de la distilla- tion de l’essence de lavande 2 . Cette première nous a aussi permis d’expliquer que l’appel- lation « physautotype » était en fait l’intitulé que Niépce et Daguerre avaient choisi pour ce procédé, fruit de leur collaboration. Avant nos travaux, il était inimaginable de porter au crédit de Niépce une image autre qu’une héliographie au bitume. Nous avons déjà expliqué pourquoi cette image ne pouvait avoir été réalisée au bitume de Judée. Notre raisonnement se fonde principalement sur les ombres que l’on observe sur la table : celles-ci devraient en être absentes à cause du temps de pose de plusieurs jours que demande une héliographie. En revanche, notre connaissance du physautotype nous a permis de montrer que toutes les caractéristiques de cette image — support verre, format (7 x 11,7 cm), optique employée, temps de pose, sujet — plaident en faveur de ce procédé 3 . 1. Nous n’irons pas jusqu’à mettre en cause exclusivement le désordre qui régnait dans les archives de la Société mais ce qui est certain, c’est que Potonniée, membre de la S.F.P.depuis juin 1912, n’avait guère tardé à retrousser ses manches. Dès le 21 novembre 1913, on signalait : […] « M. Potonniée a eu raison de dire que l’ensemble des documents précieux que possède la Société Française constitue une véritable montagne, et ce fait explique que nous n’ayons pu, jusqu’à ce jour, réussir à en opérer le classement complet malgré tout notre désir de le faire. Aussi devons-nous être particulièrement reconnaissants à M. Potonniée de consacrer son temps et ses éminentes qualité d’ordre et de méthode à établir le répertoire de ces milliers d’épreuves […] » (B.S.F.P. 1913, p. 356). Le 20 mars 1914, on rendait hommage à « M. Potonniée, qui a bien voulu [...] entreprendre le classement méthodique de nos archives qui sont très volumineuses.Ce travail considérable se poursuit régulièrement et nous ne saurions trop remercier à nouveau M.Potonniée du grand service qu’il rend non seulement à la Société, mais encore à l’histoire de la photographie qui trouve chez nous de si pré- cieux documents [...] » (B.S.F.P. 1914, p. 113). En 1915, Potonniée avait été nommé président de la section documentation ; en janvier 1916 appelé aux fonctions de bibliothécaire. En 1920, on faisait savoir que « grâce au dévouement de notre bibliothécaire, M. Potonniée, la bibliothèque, plus ou moins désorganisée pendant la guerre a été remise en état et tient ses richesses à la disposition des lecteurs […]. M. Potonniée a poursuivi assidûment l’établissement du catalogue des archives et collections d’épreuves […] » (B.S.F.P. mai 1920, p. 55). 2. En février. Travaux publiés en novembre : Première reconstitution du deuxième procédé photographique au monde (L.PH . n° 1499, nov. 1992, p. 26). 3. Voir la description de notre reconstitution de la table servie (J.L.M. p. 488).

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