Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 1469 App. XXIV Pourtant, même si le support de ce physautotype était en verre, comme l’a annoncé Potonniée, cette inversion est parfaitement expliquable dans la mesure où l’on prend en compte les indications laissées par Daguerre : Quand on opère sur verre, il est nécessaire, pour augmenter la lumière, de le [le verre] poser sur une feuille de papier ; mais pour que ce reflet ne soit pas confus, il faut que le côté de la couche [sensible] soit posé directement sur le papier et qu’elle le touche parfaitement sur toute sa surface. Pour cela, il faut tendre le papier sur une planche très plane, en supposant que le verre le soit aussi ; on aura soin de choisir le verre le plus blanc possible 1 . Ainsi pour obtenir des physautotypes sur verre dans la chambre obscure, les associés retournaient-ils la plaque afin que la couche de résidu fût exposée à la lumière à travers le verre. En regardant de même l’épreuve, par transparence donc (comme on le fait pour n’im- porte quel négatif), on voyait l’image inversée. C’est sans aucun doute en procédant de cette manière que fut effectué le cliché pho- tographique de la table servie en 1891 ; en aucun cas l’inversion en cause ne permet-elle trancher en faveur d’une plaque d’argent plutôt qu’en verre. Q UEL AUTRE AUTEUR QUE N ICÉPHORE N IÉPCE ? Daguerre lui aussi était à même de réaliser une telle image. Mais observons-la atten- tivement. Son austérité simpliste ne l’apparente en rien aux tableaux, aux lithographies ou aux premiers daguerréotypes (1837), natures mortes recherchées, prises en intérieur près d’une fenêtre, que le célèbre décorateur nous a laissés. S’il réalisa des physautotypes d’ob- jets 2 en 1832, il traita très certainement des thèmes du même ordre plutôt que cette table servie, prise en extérieur, dont l’ambiance tient tant de la province et si peu de Paris. Isidore Niépce fit de nombreuses tentatives pour obtenir des physautotypes sur verre mais échoua toujours. Reste Abel Niepce de Saint-Victor. En 1853, ne s’intéressant qu’à la gravure, il reprit le procédé au bitume de Nicéphore mais les perfectionnements qu’il y apporta ne suffirent pas à le faire adopter. Il semble qu’il ait réussi à augmenter la sensibilité du vernis au bitume de Judée puisqu’il déclara avoir obtenu des images à la chambre obscure en moins de quinze minutes. C’est ce résultat qui a incité B. Lefebvre à croire que la table servie était de Niepce de Saint-Victor 3 . Pour pouvoir attribuer définitivement cette nature morte à Nicéphore Niépce, autre- ment dit corroborer la déclaration formelle d’Eugène Niépce, il manquait un témoignage direct et irrécusable. La chance a voulu qu’il existe, enfoui au cœur d’un manuscrit. L E TÉMOIGNAGE DE J AMES D. F ORBES . Tout est parti de ces deux phrases du post-scriptum qu’Isidore Niépce a jeté au bas de sa lettre du 18 juin 1839 à F. Bauer 4 : J’ai eu la visite de Mr. Forbes 5 , qui m’a donné de vos nouvelles et auquel j’ai montré des épreuves obtenues par le procédé de mon père. Il a vu aussi celles de Daguerre, avec Mr. Herschel et les autres. 1. D. (éd. Giroux) p. 48. 2. Rappelons qu’en mai 1839 Daguerre montra ses daguerréotypes sur argent mais aussi une épreuve sur verre qui ne pouvait être qu’un physautotype (v. 619). 3. Op. cit. 4. V. 627. 5. V. 620n.

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