Niépce correspondance et papiers
N IEPCE 1471 App. XXIV C’est dans ce journal, resté intégralement inédit jusqu’à la publication de nos travaux en 1999 1 , que nous avons trouvé le compte rendu détaillé de la visite que Forbes rendit à Isidore 2 : 17 Mai. Rendu visite à M. Isidore Niepce 7 rue S te Hyacinthe, S t Honoré à qui j’avais été recom- mandé par Mr Bauer de Kew […]. Mr. N était une personne très distinguée & m’expliqua l’affaire de manière circonstanciée & je n’en doute pas, correctement. […] Il me montra des specimens de l’art de son père à la fois sur plaques d’argent et sur verre. […] Dans le paysage de Niepce les détails étaient très imparfaits excepté au centre. Quelques unes des natures mortes sur verre de Niepce étaient très bonnes. Ainsi donc, tandis que Daguerre s’employait à saisir d’étonnement ses éminents visi- teurs en présentant ses épreuves, Isidore ne craignait-il pas de montrer à certains des mêmes, en particulier, celles obtenues par son père. Que Forbes fasse mention de natures mortes, est d’une importance plus grande encore. C’est en effet la première fois que vous est fournie la preuve irrécusable, non seu- lement que Niépce en réalisa, mais qu’il les obtint sur verre. Reprenons les explications de Forbes : J’ai examiné les images très minutieusement. La substance est connue pour être de l’argent plaqué sur du cuivre. […] Les dessins par les procédés de Niepce et de Daguerre ont tous cette particularité très singulière que les parties qui sont sombres & par conséquent inaltérées ont un simple aspect métallique & dans ceux sur verre, le verre apparaît totalement découvert. Pour Forbes, il n’y a donc pas de différence entre les images qu’il a vues chez Daguerre et celles que lui a montrées Isidore. Sa description correspond effectivement aux effets bien connus et très particuliers du daguerréotype, mais convient aussi au physautotype, aussi bien sur argent que sur verre. Or il est impossible, rappelons-le, d’obtenir un daguerréotype sur verre. On ne peut donc soupçonner Isidore d’avoir montré des daguerréotypes en faisant croire qu’il s’agis- sait du procédé de son père. Et Forbes de poursuivre : Par conséquent la substance quand elle est appliquée est elle aussi complètement transparente comme un vernis & elle blanchit à l’exposition à la lumière un peu comme un vernis gelé, ou, ce qui est plus probable, les parties inchangées de la composition ont été ensuite enlevées chimiquement. A l’endroit des noirs, la substance était donc soit transparente soit éliminée de la plaque, tandis que là où la lumière avait agi, elle était blanche comme un vernis qui serait devenu trouble et opaque sous l’action du froid. Là encore, Forbes donne la description d’un physautotype car l’aspect du bitume après exposition à la lumière n’est jamais blanc. Puis l’Écossais ajoute : La conséquence de ceci est que si vous regardez une de ces plaques de façon à obtenir une réflexion spéculaire 3 l’image est inversée, les lumières étant noires comme dans le procédé de Talbot 4 . Par conséquent lorsqu’on regardait la plaque comme s’il s’agissait d’un miroir, l’image se voyait en négatif. Cet effet est caractéristique du physautotype. Et Forbes de terminer par cette considération sur la fragilité de l’image : 1. J.L.M. p. 478. 2. V. 622. 3. C’est-à-dire comme dans un miroir. 4. Pour décrire une telle image, le terme négatif n’existe alors pas plus que du temps de Nicéphore.
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