Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 1473 On comprend par ailleurs que si son fils ne montra de telles images qu’en petit comité, c’est précisément parce qu’elles avaient été réalisées par le procédé inventé en collabora- tion avec Daguerre, et que ce dernier n’eût pas manqué de le clamer si Isidore avait tenté de s’en prévaloir 1 . En conclusion, nous pensons que la table servie était un physautotype sur verre. Le procédé ayant été mis au point par les deux associés pendant l’été 1832, cette image fut obtenue au plus tôt à la fin de cet été-là, plus probablement au cours des mois qui pré- cédèrent la mort de Niépce, au printemps ou au tout début de l’été 1833. A cet effet l’inventeur utilisa une chambre obscure dont l'objectif achromatique d’une distance focale d’environ six pouces (16,24 cm) lui avait été fourni par Daguerre. Avant exposition dans la chambre, la plaque de verre fut retournée soit sur un papier blanc soit sur une plaque d’argent, ce qui permit d’abaisser le temps de pose à moins de trois heures. A supposer que Niépce n’ait pas fait part de l’existence de cette nature morte à Daguerre (ce qui n’est nullement prouvé), c’est pour la simple raison qu’il la réalisa juste avant sa mort, survenue le 5 juillet 1833. La table servie était probablement l’une des toutes dernières œuvres de Nicéphore Niépce. C. COMPLEMENT D’ENQUETE 1. L ES PROCÉDÉS DE GRAVURE DE C HARLES -G UILLAUME P ETIT . Charles-Guillaume Petit figure parmi les inventeurs les plus importants de procédés de transposition mécanique des demi-teintes d’une photographie en un système de points ou de hachures de pas constant mais d’aire imprimante plus ou moins large. C’est pour le procédé de Petit que fut créé le mot « similigravure ». Il est l’un des premiers à avoir per- mis l’impression d’images en demi-teintes par les méthodes classiques de l’imprimerie. L’ensemble des points ou trame était fabriqué par l’intermédiaire d’une image au bitume de Judée (v. fig. p. 1476). Petit s’est expliqué : Dans une planche de cuivre j’enfonçais, à l’aide d’une mollette montée sur ma machine à gra- ver, des lignes de points alternés en quinconce et je tirais de cette planche mère une épreuve de taille-douce ; les points étaient donc noirs sur le fond blanc du papier, je photographiais en la réduisant d’environ un tiers, cette épreuve, et avec le négatif je faisais, sur des cuivres (à graver postérieurement), une image positive, au moyen de bitume de Judée [a et b]. Ces cuivres se trouvaient alors porter un treillis de points tous égaux entre eux [b], ils se préparaient d’avance tout prêts à servir à l’occasion ; je n’avais plus lors d’une commande qu’à les couvrir de gélatine bichromatée, à exposer sous le négatif du modèle donné [c] et à mordre au per- chlorure de fer par filtrage du mordant au travers de la couche de gélatine comme l’on fait en héliogravure [e]. Les grands blancs de l’image mordaient en premier lieu, amincissant les points de bitume de Judée jusqu’à en faire des pointes d’aiguilles ; les demi-teintes claires mor- daient ensuite et enfin les demi-teintes foncées 2 . 1. Il est incontestablement regrettable que la famille, à commencer par Isidore, n’ait pas versé cette plaque à un service d’archives public, en y joignant une note expliquant pourquoi elle tint secrète la table servie. 2. CH.G.P. p. 104. App. XXIV

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