Niépce correspondance et papiers

1482 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS Signalons que le mécanisme des réactions photochimiques n’est pas encore complète- ment connu. On sait seulement que la transformation à la lumière n’a pas lieu en absence d’oxygène 2 et qu’elle est plus importante lorsque le bitume est enrichi en soufre 3 . Par ailleurs, il a été montré que la propriété naturelle du bitume d’absorber de l’oxygène est renforcée sous l’action de la lumière 4 . Du point de vue du mécanisme réactionnel, il semble donc que la lumière engendre dans le bitume des réactions de réticulation 5 qui provoquent la formation de liaisons entre les macromolécules d’hydrocarbures. Cette association des molécules rend leur solubilisation impossible. B. REALISATION PRATIQUE D’UNE HELIOGRAPHIE 1. Préparation de la solution de bitume. Si l’on se procure du bitume en morceaux, il est nécessaire de le piler en poudre fine. Ensuite, on mélange de 1,5 à 3 g de bitume avec 10 mL d’huile essentielle de lavande. On choisira la concentration en fonction du résultat attendu (v. tableau paragr. D § 6). Agiter le tout et placer le flacon dans l’obscurité. Il est nécessaire d’attendre au minimum 24 h que la lavande commence à se saturer de bitume, donnant progressivement une solution brune visqueuse (v. paragr. D § 5). L’essence de lavande joue le rôle de liant comme dans la peinture où elle est très employée. Elle aide à étaler le bitume. C’est parmi les différents solvants que nous avons testés (benzène, essence de térébenthine, etc.) celui qui présente les meilleures propriétés de viscosité, compte tenu de la faible mouillabilité des supports très lisses utilisés. Suivant la nature du solvant, l’aspect du vernis sera plus ou moins brillant et l’étalement plus ou moins facile. Enfin, plus le solvant est volatil plus le vernis sèche rapidement, ce qui n’est pas toujours favorable. Autre avantage de l’emploi de l’essence de lavande : elle ne dégage pas de produits dangereux. L’huile animale de Dippel est empyreumatique et les solutions dans le benzène ou l’essence de térébenthine dégagent des vapeurs toxiques. 2. P RÉPARATION DE LA PLAQUE PHOTOSENSIBLE . Supports. Pierres lithographiques, plaques de verre, de cuivre, d’étain (2/10 à 5/10), de cuivre recouvert d’argent (épaisseur de 2 à 5 microns, réalisée par les entreprises spécialisées dans les dépôts électrolytiques), sont autant de supports possibles ayant été utilisés par Niépce. Les supports doivent être polis. Pour les pierres lithographiques le poli dit « miroir » doit être réalisé par les artisans lithographes eux-mêmes. Pour les plaques métalliques, au lieu d’utiliser les produits de l’époque de Niépce (rouge d’angleterre, mélange huile et tri- poli) on peut utiliser les produits commerciaux actuels destinés au polissage des métaux, ce qui ne change en rien le résultat. Après polissage, les plaques doivent être soigneuse- ment dégraissées et rincées à l’eau. Appendice 2. E. Chevreul, in C.R.A.S. 28/08/1854. 3. E. Valenta, in L.PRO . t. 8 (1910), p. 113. 4. R.R.Thurston and E.C. Knowles, in I.E.C. t. 33 (1941), p. 322. 5. J.K. p. 137.

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