Niépce correspondance et papiers

1494 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS Sur les images, les parties mates présentent à peu près la même intensité quelle que soit l’orientation du support. En revanche, les parties polies peuvent apparaître plus lumi- neuses (images négatives) ou moins lumineuses (images positives) que celles d’aspect mat. C’est pourquoi par un simple changement d’orientation on passe du négatif au positif. C’est ce phénomène qu’on observe dans les héliographies au bitume (comme celle du point de vue pris de la fenêtre ), les physautotypes et les daguerréotypes. Niépce n’a pas obtenu d’image d’une qualité aussi bonne que les nôtres à cause des problèmes d’optique qu’il rencontra. Toutefois il parvint à de très beaux résultats (de nom- breuses remarques de Lemaître, Daguerre ou encore Forbes en témoignent), notamment au centre de ses images, là où la projection était correcte. Les images au bitume sont-elles négatives ou positives ? En 1843, Edmond Becquerel définissait les images positives et négatives de la manière suivante 1 : On nomme image positive une impression en blanc sur un fond obscur, et une image négative une impression présentant une coloration obscure par rapport au fond qui reste clair. Le bitume qui n’est pas blanc présente plutôt « une coloration obscure » alors que le support métallique brillant apparaît le plus souvent clair. L’héliographie au bitume doit donc être considérée comme une image négative. Ce raisonnement vaut aussi pour le daguerréo- type. Regardée en incidence normale, l’image est un négatif. D’ailleurs, lorsque Hippolyte Bayard réalisa des daguerréotypes sur papier en y déposant de l’iodure d’argent dont il révé- lait l’image latente par des vapeurs de mercure, il obtint des images négatives impossibles à voir en positif (le papier ne pouvant refléter la lumière comme un miroir). Aucun de ces procédés ne peut être classé parmi ceux que l’on désigne sous ne nom de « positifs directs ». F. LA LEGENDE DU BITUME QUI BLANCHIT Rappelons une nouvelle fois ici qu’il est extrêmement fréquent de lire que le bitume blanchit sous l’action de la lumière. On trouve cette affirmation dans les ouvrages de réfé- rence sur les débuts de la photographie comme ceux de Mayer et Pierson, Melloni, Tissandier, Potonniée, Lécuyer, Cromer, pour ne citer que les principaux. A leur suite, nombreux sont les historiens de la photographie qui ont repris cette erreur, elle-même issue d’un quiproquo. Nous avons souligné qu’en 1839, Arago confondit héliographie et physautotype 2 (second procédé qui fait effectivement appel un composé photosensible blanc). C’est une mauvaise interprétation des notes de l’académicien, difficilement com- préhensibles il est vrai, qui a conduit à énoncer cette transformation imaginaire du bitume à la lumière. Appendice 1. E. Becquerel, in A.P.C. t. 9 (1843), p. 265 : « Des effets produits sur les corps par les rayons solaires ». Mémoire présenté à l’Académie des Sciences le 23 octobre 1843. 2. V. 636n.

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