Niépce correspondance et papiers
N IEPCE 265 182 Lettre (Coll. J.N.). Inédit Paris, 29 juillet 1806. Brunet aîné à Claude. Paris 29 juillet 1806 Monsieur, J’ay parlé à Denon 1 de la composition de votre machine ingénieuse 2 dont vous m’avés donné la note 3 , il lui est impossible dans ce moment ci de vous faire avoir un local au Louvre 4 , tout y est occupé, il n’y a qu’un très petit logement qui est rempli de tableaux et de choses pretieuses 5 , ce qui est cause que je n’ai pas pû loger avec lui, il n’avait de dispo- nible que la chambre que Brunet 6 occupe, mais il est sur le point d’amodier une très gran- de maison dans laquelle, il poura vous y céder ceder un local pour y deposer votre machi- ne qui surement sera vue avec le plus grand interet ; vous pouriés écrire à Denon, si vous le jugés // à propos, en lui donnant sommairement quelques détails sur la composition et les effets utils de cette machine, je lui ai dis que vous l’aviés essayé sur la Saone avec le plus grand succes 7 . Je suis bien aise que cette circonstance me procure l’occasion de pouvoir vous etre bon à quelque chose. Agrées, je vous prie Monsieur, la considération distinguée avec laquelle j’ay l’honneur de vous saluer. Brunet ainé 8 P.S. Je chargerai Brunet qui vous fait bien des complimens et à M rs . vos frères de rapeler Denon de ce qu’il m’a dit lorsqu’il sera dans son nouveau logement qui sera tres vaste. 1. Né à Givry en 1747, mort à Paris en 1825, Dominique Vivant Denon était de dix-huit ans l’aîné de Nicéphore. Il avait été nommé directeur général du Musée central des Arts (aujourd’hui du Louvre) en novembre 1802. Denon connaissait la famille Niepce. Il avait notamment fréquenté le salon de Pierrette Niepce avant la Révolution (v. App. VIII). 2. Le « pyréolophore », dont Claude et Nicéphore s’occupaient déjà activement en 1803 (v. 173). Claude préci- sera que dix huit mois de travail avaient été nécessaires à la construction de la machine en « petit modèle » remisée à Paris (v. 341). C’est vraisemblablement celle dont il est question ici (v. 192n). 3. Document inconnu. 4. Local destiné à remiser le pyréolophore. Le Louvre était alors un véritable bric-à-brac. On y trouvait une foule de logements et d’ateliers. C’est d’ailleurs précisément en cette année 1806, qu’à la vue des tuyaux de poêle qui s’échappaient des fenêtres, Napoléon aurait ordonné : « Qu’on fasse partir tous ces bougres-là, ils finiraient par brûler mes conquêtes, mon musée » (J.CH .). L’objet même de cette lettre, le motif des frères Niépce, lesquels pensaient évidemment déjà présenter le pyréolophore à l’Institut (v. 188), autorisent à croire que la machine était achevée depuis peu. 5. On y trouvait sans doute une partie de ses collections personnelles qui fascineront Lady Morgan en 1817 (collections dont l’inventaire nécessitera trois volumes en 1826). 6. Vraisemblablement Vivant-Jean Brunet-Denon (1778-1866), qui était le fils aîné de la sœur de Denon. « Avec lui, il prit part à l’expédition d’Egypte et fut choisi comme secrétaire de l’état-major général par Berthier. Revenu en France avec Bonaparte, il s’engagea dans les dragons et fut nommé sous-lieutenant après Marengo. Murat le prit alors comme aide de camp. Brunet-Denon le suivit en Italie et à la Grande Armée jus- qu’en 1808.Cité lors de la capitulation d’Ulm,blessé à Austerlitz,il fut promu capitaine en février 1806 » (D.B.F). 7. Effectivement, entre autres expériences, Claude et Nicéphore avaient adapté le moteur à un bateau de près de 2,50 m qui remontait la Saône « avec une vitesse à peu près double de celle du courant » (v. 185). Fouque s’est laissé dire (par des témoins oculaires) que les essais se déroulaient également sur l’étang de Batterey, au milieu des bois de la Charmée (à 4 kilomètres à l’ouest de Saint-Loup-de-Varennes). 8. Louis Charles Brunet (v. 175). Nous n’avons pu établir sa parenté exacte avec Brunet-Denon et Denon. A cette époque, Brunet aîné et Claude siégeaient ensemble au Conseil municipal. 181 1804 1815
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