Niépce correspondance et papiers
270 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS .Les faits vinrent à l’appui de notre conjecture. Elle étoit conforme aux principes éta- blis sur la combustion ; puisqu’indépendamment de la violente dilatation de l’air, occa- sionnée par le prompt dégagement du calorique, il y avoit eu décomposition d’oxigène, & production de gaz carbonique comme dans l’inflammation de la poudre à canon 1 , avec cette différence seulement, que l’oxigène qui entre sous forme concrète dans la composition de la poudre, se trouvoit sous forme gazeuse dans notre expérience. 2 Ce procédé offre donc deux avantages bien marqués : le premier, de dilater l’air prodigieusement ; le second, d’augmenter l’effet total, par la production & la // raréfaction du gaz carbonique. .L’existence de cette nouvelle force physique, étant démontrée, nous voulûmes en cal- culer l’intensité. Des expériences réitérées nous mirent à portée de reconnoître qu’une ath- mosphère de vingt quatre pouces cubes*, dilatée d’après notre procédé, faisoit sur un pis- ton de deux pouces de diamètre, un effort capable de tenir en équilibre, un poids de cent quatorze livres 3 . Cet effort auroit même été plus grand si la garniture du piston avoit eu assez de consistance pour lui résister, et si la masse d’air, qui devoit être pure, n’eut été viciée d’avance, par l’introduction de la mèche destinée à enflammer le combustible. D’un autre côté, quelque légère que puisse être une petite quantité de ( ce ) combustible 4 pulvé- risé, on conçoit qu’il n’est pas aisé de la lancer, de la disséminer avec avantage, dans une athmosphère très-circonscrite, & par conséquent peu compressible : or cette condition n’est pas moins essentielle au succès de l’expérience ; d’où il résulte que nous aurions obte- nu proportionnement plus d’effet, en employant un plus grand volume d’air. .Il se présentoit 5 des difficultés dans la maniere de régulariser l’action d’une force qui devoit cesser et se reproduire à chaque instant. Il s’agissoit 1°. de fournir toujours une même charge de combustible, afin d’avoir une raréfaction constamment uniforme. 2°. de lancer ce combustible avec précaution ; car il ne faut pas qu’il tombe en masse ni qu’il soit trop divisé. 3°. d’introduire à propos, et de disposer convenablement la flamme sur laquel- le il doit être projeté. 4°. enfin, de renouveller chaque fois, l’air méphitisé* par la com- bustion. Quoique ces quatre mouvemens principaux ( ne ) pussent pas s’opérer simultané- ment, ils se trouvoient dans une dépendance réciproque, & il étoit nécessaire qu’ils fussent combinés entre eux de maniere à former un système bien organisé. Notre machine, comme on le voit, exigeoit donc par sa nature même, un mécanisme assez compliqué. Nous fimes d’abord, quelques tentatives infructueuses 6 ; mais avec du travail et de la perséverance, nous vinmes à bout de l’exécuter. .Parmi les différens partis plus ou moins avantageux à tirer de cette découverte, son application à des vaisseaux de secours ou de remorque, ne nous parut pas la moins inté- ressante, & c’est celle à laquelle nous nous sommes arrêtés. Nous avons fait construire en conséquence, un petit navire de sept piés & demi de long 7 , pesant tout compris, environ neuf quintaux* 8 . La charge est de dix grains* 9 ; les pulsations de douze ou treize à la mi- 1. « Fusil » in copie A.S.R. 2. Suivent plusieurs mots biffés et illisibles in copie A.S.R. 3. Considérer ici la livre selon le système décimal, soit un poids de 57 kg. 4. « Poussière » in copie A.S.R. 5. « Présentoit bien » in copie A.S.R. 6. « Inutiles » in copie A.S.R. 7. Environ 2,43 m. 8. Environ 440,55 kg. 9. Soit 0,53 g. 1804 181581 Du début de l’Empire jusqu’à la fin des Cent jours
RkJQdWJsaXNoZXIy NDY2MA==