Niépce correspondance et papiers
N IEPCE 271 nute. Il est mu par l’effet alternatif du refoulement et de la réaction de l’eau, et remonte la Saône avec une vitesse à peu près double de celle du courant. Si notre cylindre au lieu de neuf pouces, avoit un pié de diamètre, sur sa hauteur qui est de dix pouces, cequi ne chan- geroit rien aux autres dimensions de la machine, les athmosphères seroient // entre elles dans le rapport de 610 à 1080 1 ; & comme la force croît selon la même progression, la vites- se se trouveroit singulièrement 2 augmentée : cependant la consomation ne le seroit pas à beaucoup près autant ; car nous avons toujours observé qu’une partie de la charge diver- geant trop, est arrêtée par les parois du cylindre, et s’y attache ou tombe sans produire d’effet ; cequi n’auroit pas lieu dans le cas supposé. .La disposition de notre appareil tel qu’il est représenté plan 2 3 donne naturellement l’idée de l’usage qu’on pourroit en faire encore, pour elever l’eau à de grandes hauteurs, soit en mettant ce fluide en contact avec l’air dilaté, soit en se servant d’une pompe comme dans les machines à feu. Il est de certains établissemens auxquels ce nouveau moteur offri- rait aussi d’heureuses applications 4 : peut être même ne seroit-il pas impossible de l’em- ployer à mouvoir des voitures avec une force, une vitesse supérieures à celle des animaux, et on sent 5 quel avantage il en résulteroit, surtout du côté de l’économie. .Nous avons fait des recherches multipliées sur différentes espèces de combustibles. Celui que nous proposons est un mêlange de quatre parties de houille ou charbon de terre, et une partie de résine commune 6 , le tout réduit en poudre très fine par le moyen de l’eau. N’ayant pas pu nous procurer de l’asphalte solide 7 , nous ignorons s’il seroit dans le cas de remplacer la résine ; cependant, nous le présumons, & c’est à desirer, attendu qu’il revien- droit probablement à meilleur compte, et qu’il auroit plus d’affinité avec le charbon de terre. Celui ci contient de hydrogène en abondance ; mais il faut une chaleur considérable pour le dégager de sa base. L’addition de la résine a donc pour objet d’opérer ce dégage- ment, en facilitant l’inflammation du charbon minérale dont la qualité plus ou moins bitu- mineuse sert à déterminer les proportions du mêlange : la poudre qui en résulte, essayée dans un réservoir de quatre pouces de diamètre, s’enflamme parfaitement, et produit une détonnation aussi forte que le lycopodium 8 . S’il s’agissoit d’expériences très en grand, nous avons lieu de croire, d’après des données satisfaisantes, que l’on pourroit se passer de rési- ne. En effet, la seule houille de bonne qualité, bien pulvérisée, & projetée avec un chalu- meau, sur la lumière d’une simple bougie, prend feu pourvu qu’elle ne soit pas chassée avec trop de vitesse, & l’inflammation est encore plus sure lorsque le combustible traverse la flamme dans toute sa longueur. .Avant de terminer cette notice, nous ferons deux observations assez importantes : la première, c’est que l’effort produit dans notre machine, étant toujours en raison de la rapi- 1. En toutes lettres in copie A.S.R. 2. « Considérablement » in copie A.S.R. 3. « Second » in copie A.S.R. 4. Remarquer la prudence de l’allusion. Elle ne figure d’ailleurs pas dans le texte qui sera lu à l’Institut la semaine suivante (v. 189). 5. « On sent alors » in copie A.S.R. 6. « Commune » ne figure pas in copie A.S.R. 7. « Connu sous le nom de bitume de Judée » (v. 288 ). La plupart des minéralogistes distinguaient principale- ment le bitume naphte, le bitume pétrole, le bitume malthe et le bitume asphalte. L’abbé Haüy, quant à lui, distinguait le bitume liquide (naphte ou pétrole), le glutineux (poix minérale ou pissasphalte), le solide (asphalte ou bitume de Judée), la résinite (rétinasphalte) et le bitume élastique ou caout-chouc minéral (A.B., M.H.K., D.S.N., D.T., AN.P., R.J.H.). 8. V. 173. 185 1804 1815
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