Niépce correspondance et papiers
N IEPCE 287 Lue à la séance du 17. novembre 1806. de la classe des sciences physiques & mathé- matiques de l’Institut national. Laxatis....furit Vulcanus habenis. La machine que nous avons l’honneur de présenter à l’Institut, & que nous désignons sous le nom de Pyréolophore, est le résultat de plusieurs années de travail & de reflexion. Occupés de la recherche d’une force physique qui pût égaler celle des pompes à vapeur, sans consommer autant de combustible, nous crûmes que l’air atmosphérique dilaté par le feu, pourroit remplir notre objet. Ce fluide, il est vrai, d’après les observations faites jusqu’ici, ne se raréfie que fort peu, même à une haute température ; mais nous imaginâmes que s’il se trouvoit pénétré brusquement, dans un vase clos, par la flamme d’une substance éminem- ment combustible, réduite en poussiere très-fine, & disséminée dans toute la capacité de ce vase, il déploiroit alors, une energie beaucoup plus grande, & produiroit même une explo- sion proportionnée à la résistance des obstacles qu’elle auroit eu à surmonter. Les faits vinrent à l’appui de notre conjecture. Nous reconnûmes // que ce procédé offroit deux avantages bien marqués ; le premier, de dilater l’air prodigieusement, parceque l’oxigène qu’il contient, se trouve pour ainsi dire, en contact avec les plus petites molécules de la matiere inflammable ; le second, d’augmenter l’effet total par la production & la raré- faction du gaz carbonique. Après avoir calculé l’effort dont un volume d’air dilaté de la sorte, pouvoit être sus- ceptible, nous avisâmes au moyen d’en tirer parti ; mais il se présentoit quelques difficul- tés dans la manière de régulariser l’action d’une force qui devoit cesser & se reproduire à chaque instant. Il s’agissoit 1°. de fournir toujours une même charge ou quantité donnée de combustible, afin d’obtenir une raréfaction constamment uniforme. 2°. de lancer ce combustible avec précaution ; car il ne faut pas qu’il tombe en masse ni qu’il soit trop divi- sé. 3°. d’introduire à propos, & de disposer convenablement la flamme sur laquelle il doit être projetté. 4°. enfin, de renouveller chaque fois, l’air méphitisé* par la combustion. Quoique ces quatre mouvemens principaux ne pussent pas s’opérer simultanément, ils se trouvoient dans une dépendance réciproque, & il étoit nécessaire qu’ils fussent combinés de maniere à former un système bien organisé. Parmi les différens usages auxquels ce nouveau moteur pouvoit être employé, son appli- cation à des vaisseaux de secours ou de remorque, ne nous parut pas la moins intéressante, & c’est aussi celle à laquelle nous // nous sommes arrêtés. Nous avons fait construire un petit vais- seau de sept piés et demi de long, pesant tout compris, environ neuf quintaux. La charge est de dix grains ; les pulsations sont de douze ou treize à la minute. Il est mu par l’effet alternatif du refoulement & de la réaction de l’eau, & remonte la Saône avec une vitesse à peu près double de celle du courant. La disposition de notre appareil donne naturellement l’idée de l’usage qu’on pourrait en faire encore, pour elever l’eau à de grandes hauteurs, soit en mettant ce fluide en contact avec l’air dilaté, soit en se servant d’une pompe comme dans les machines à feu. Nous nous abstiendrons d’entrer dans des détails sur la construction de la nôtre, son mécanisme se réduisant en derniere analyse, à produire les quatre principaux mouvemens que nous avons expliqués. Nous craindrions d’abuser de l’attention dont l’Institut veut bien nous honorer : nous le supplions donc, d’agréer avec bonté, le faible hommage que nous osons lui faire d’une découverte naissante, en faveur de laquelle nous réclamons toute son indulgence, & une partie de cet intérèt flatteur qu’il daigne accorder aux timides essais de l’industrie, lorsqu’ils ont l’utilité publique pour objet. 188 1804 1815
RkJQdWJsaXNoZXIy NDY2MA==