Niépce correspondance et papiers
292 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS des effets du levier ou autres engins qui s’y rapportent. La théorie vint ensuite qui porta la précision du calcul dans l’évalua- tion de ces effets et garantit des écarts de l’imagination. «Mais ces assemblages de leviers ne sont par eux- // mêmes que des masses inertes propres seulement à transmettre et à modifier l’action de la force mouvante, sans pouvoir jamais l’augmenter, c’est toujours le principe moteur qui fait tout. «Les modernes ont découvert plu- sieurs principes moteurs, ou plutôt il les ont créés ; car quoique leurs élémens soient nécessairement préexistans dans la nature, leur dissémination les rend nuls sous ce rapport et ils n’acquièrent la qua- lité de force mouvante que par des moyens artificiels. Telles sont les poudres fulmi- nantes et particulièrement la poudre à canon ; telle est la force expansive de l’eau réduite en vapeurs ; telle est la force ascentionnelle qui lance l’aérostat dans les airs par la légèreté relative du gaz hydrogène qu’il contient. Ce n’est pas que la nature n’offrît sans cesse des exemples de l’effet prodigieux de ces forces dans l’élévation des nuages, dans l’explosion des météores, dans l’éruption des volcans. Mais tant que leur action est spontanée, qu’on ne peut la régulariser, il y a plus souvent lieu de les regarder comme des fléaux que comme des agents mécaniques applicables aux besoins de la Société. «C’est la recherche d’un semblable agent qui fait l’objet du Mémoire dont nous avons à rendre compte 1 . Les auteurs, MM. Nieps, ont cru l’apercevoir dans la propriété qu’a le calorique de dilater promptement l’air atmosphérique, et leurs premiers essais annoncent déjà des résul- tats importans. Quoique cette propriété fut bien connue, il paroît qu’on eût jamais pensé, ou du moins qu’on eût jamais réus- si à l’employer comme force mouvante. MM. Nieps, par son moyen et sans aucu- ne intervention de l’eau en nature, sont parvenus à occasionner dans un espace déterminé des commotions si fortes que les effets paroissent en être comparables à ceux de la machine à vapeurs, ou pompe à feu ordinaire. «Pour se faire une idée de l’appareil employé par MM. Nieps, il faut concevoir un récipient de cuivre bien clos de tous côtés ; alors, si l’on trouve moyen de por- ter tout à coup au centre de ce récipient une flamme très vive, la chaleur dilatera subitement la masse d’air contenue. Les parois intérieures éprouveront du dedans au dehors une forte pression, et si l’on fait à ces parois une ouverture à laquelle on adapte un piston de même grandeur, ce piston sera repoussé et se trouvera capable de soulever une colonne d’eau, ou un autre poids quelconque proportionné à la dilatation de l’air du récipient 2 . «Qu’après cela, en supposant la flam- me éteinte, on renouvelle cette masse d’air pour remettre les choses dans leur pre- mier état, le piston reviendra à sa place, et si l’on porte de nouveau au centre du réci- pient une flamme semblable à la première, le jeu de la machine recommencera et aura lieu autant de fois qu’on recommen- cera la même manœuvre. «Pour concevoir comment s’opère ce jeu alternatif dans l’appareil de MM. Nieps, qu’on se figure le récipient dont nous avons parlé ci-dessus, posé et fortement attaché à une table horizontale ; qu’ensui- te ayant fait une petite ouverture à sa paroi, on soude à cette ouverture un tube qui reçoive à son autre extrémité la tuyère 1. Le rapport de la commission qui avait été nommée le 17 novembre (v. 188). 2. Nous avons signalé la confusion qu’a suscitée le « piston » en question, accessoire lesté destiné à mesurer la puissance du moteur en cas d’essais au banc, « donnant naturellement l’idée de l’usage qu’on pourrait en [de la machine] faire encore » (v. 185 notice). Il est vrai que ce passage du rapport de Carnot, particulière- 1804 181581 Du début de l’Empire jusqu’à la fin des Cent jours
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