Niépce correspondance et papiers
294 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS sonnes autour de l’appareil. Nous l’avons vu cesser ses battemens dans ces circons- tances et les reprendre avec force d’elle même dès le moment qu’en ouvrant une fenêtre et une porte opposée on rétablis- soit un nouveau courant d’air atmosphé- rique. La machine étoit pour ainsi dire asphyxiée par le gaz méphitique et rani- mée par l’air pur 1 . «Le combustible employé ordinaire- ment par MM. Nieps est le lycopode, comme étant de la combustion la plus vive et la plus facile. Mais comme cette matière est coûteuse ils la remplaceroient en grand 2 par la houille pulvérisée et mélan- gée au besoin avec une très petite portion de résine, ce qui réussit très bien, ainsi que nous nous en sommes assurés par plu- sieurs expériences faites avec l’éprouvette dont nous avons parlé. «Indépendamment de l’azote qui se trouve mêlé à l’oxigène avant l’explosion, il doit se développer par la combustion une certaine quantité de gaz acide carbo- nique et d’hydrogène. Celui-ci doit donner lieu à la formation de quelques portions d’eau réduite en vapeur, mais cette vapeur ne joue ici qu’un rôle secondaire. Comme d’ailleurs ce n’est point l’eau en nature qui est exposée à l’action du feu, mais une matière sèche qui peut en contenir plus ou moins, on voit que ce nouveau moteur dif- fère essentiellement de celui qui agit dans la pompe à feu. «Dans celle-ci il faut commencer par échauffer une grande masse d’eau et l’on conçoit qu’une partie considérable du calo- rique doit être absorbée par les corps envi- ronnans. Dans l’appareil de MM. Nieps, aucune portion du calorique n’est dissipée d’avance, la force mouvante est un produit instantané et tout l’effet du combustible est employé à produire la dilatation qui sert de force mouvante. «Cette machine est trop nouvelle encore pour qu’il soit possible d’en appré- cier exactement les effets et de comparer l’action de son principe moteur avec celle // des autres forces mouvantes connues. Cependant les secousses violentes qu’éprouve cette machine dont la masse pèse à peu près trois cens livres, l’ébranle- ment qu’elle communique aux corps sur lesquels elle repose 3 , et la vivacité des mouvemens que toutes ses parties reçoi- vent à chaque battement occasionné par l’ignition de cinq à six grains seulement de combustible, ne permettent pas de dou- ter de l’intensité et de l’impétuosité de ce nouveau principe moteur 4 . «Les auteurs ont aussi fait quelques expériences qui peuvent servir à constater par aperçu la pression que cet agent exer- ce dans l’état de repos et de la somme des forces vives qu’il développe dans l’état de mouvement. Suivant une de ces expé- riences, la pression exercée sur un piston de trois pouces carrés* a fait équilibre à un poids de cent quatorze livres, la capa- cité intérieure du récipient étant de vingt et un pouces cubes et la consommation du combustible de six grains dont on présu- me qu’un tiers seulement avoit pris feu 5 . «Suivant une autre expérience, la machine placée sur un bateau qui présen- toit une proue d’environ deux pieds de 1. Ceci prouve : 1° que la machine était une réalité ; 2° que Carnot et Berthollet la virent fonctionner en pré- sence de nombreux témoins ; 3° que l’expérience eut lieu ailleurs qu’à l’Académie, là où était remisé le pyréolophore, peut-être rue du Bac (v. 186). 2. A grande échelle. 3. Les deux frères désignaient le pyréolophore sous le sobriquet de « gros brutal » (v.346).Aujourd’hui encore, les descendants de Nicéphore Niépce gardent la mémoire de cette amusante dénomination. 4. Nous invitons le lecteur à se reporter aux calculs, analyses et conclusions qu’ont donnés Clerget, Rateau et Dollfus (v. App. XV). 5. Ceci constituant les essais au banc, répétons-le. 1804 181581 Du début de l’Empire jusqu’à la fin des Cent jours
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