Niépce correspondance et papiers
N IEPCE 297 Pyréolophore. Nous continuerons comme nous avons commencé, dans la notice précédente, à com- prendre dans les travaux de la classe, les rapports qui lui ont été faits par ses commissaires sur les inventions, les plus curieuses et les plus importantes, qui ont été soumises a son examen, par des savans etrangers à l’Institut. A ces deux titres nous devons surtout faire mention du rapport de M. Carnot sur la machine imaginée par MM. Niepce qui lui ont donné le nom de Pyreolophore. [C]e mot est composé de trois mots grecs Pyro feu, éolo ( vent ou dilaté ) et phore, je porte ou produis 1 , les inventeurs ont voulu que ce nom, indi- quât les moteurs de la machine, qui sont le vent d’un soufflet, le feu et l’air dilaté soudai- nem ( ent ) leur intention a été de trouver une force physique qui pût égaler celle des pompes à feu sans consumer autant de combustible. Pour se faire une idée de la maniere dont ils produisent et font agir la dilatation subi- te de l’air qu’on se figure un récipient de cuivre attaché fortement à une table horizontale. A l’une des parois est adapté un tube par le quel on fait passer une masse d’air dans le réci- pient. Sur son chemin cet air rencontre quelques grains de matiere combustible qu’il projèt- te sur une flamme où elle entre en ignition, la matiere embrasée penétrant dans le recipient, en dilate l’air avec une grande force qui s’exerce contre les parois, pousse en avant un // pis- ton qui glisse dans un second tube adapté à l’une des parois. Ce piston chasse devant lui une colonne d’eau, ou tout autre corps, qu’on expose à son action ; après quoi le piston reprend de lui même sa première place, et toute la machine revenant à sa première disposition, se trouve prête à jouer de nouveau ; tous les effets s’executent en 5. secondes de tems. Dans une éxperience faite par les auteurs, un bateau chargé de neuf quintaux, et pre- sentant à leffort de l’eau, une proue de soixante trois decimetres carrés (six pieds carrés) a remonté la Saône avec une vitesse double de celle du courant. Dans une autre experience faite par les commissaires, la pression exercée sur un pis- ton ( de ) 22. centimètres (3 pouces carrés,) a fait equilibre a un poids de 57 kilogrames ou cent quatorze livres 2 , la capacité interieure étoit de 418 centimètres cubes, (21pouces cubes) et la consommation du combustible n’a été que de 32 centigrames (6 grains). Les auteurs se proposent de perfectionner leur premiers éssais ; mais même dans l’état actuel, les secousses violentes de la machine, l’ébranlement qu’elle communique aux corps sur les quels elle repose, enfin la vivacité des mouvemens ne permet pas de douter de l’in- tensité et de l’impétuosité de ce nouveau principe moteur ; et l’on peut en attendre les résultats les plus heureux, lorsque par des expériences réitérées on sera parvenu à lui don- ner toute l’énergie dont il est susceptible. Tel est l’avis des commissaires, et la classe a déci- dé que leur rapport seroit en entier inséré dans // la partie historique, de ses mémoires pour conserver le souvenir et la date d’un premier essai qui peut devenir extrêmement intéressant par ses resultats physiques et économiques. Fin de l’article du Moniteur. 1. « Ou produis » ne figure pas dans l’article. 2. Précision ajoutée par Claude. 194 1804 1815
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