Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 343 228 1804 1815 5°. Les feuilles lisses sont préférables aux feuilles velues que fournit le pastel bâtard. 6°. Il ne faut cueillir les feuilles que lorsque la rosée est dissipée, et profiter toujours d’un temps sec et chaud. 7°. Il convient de ne jamais faire la cueillette après un jour de pluie. 8°. Il est inutile de les laver ; les feuilles lisses, qui sont les meilleures pour cette opé- ration, ne sont jamais souillées ni de terre, ni de poussière. ART. II. De l’Extraction de l’Indigo contenu dans les feuilles. L’eau est le véhicule le plus généralement employé pour extraire ou soutirer l’indigo qui est contenu dans les feuilles du pastel. La manière d’employer ce dissolvant varie beaucoup. [...] Le plus grand nombre des personnes qui ont travaillé le pastel pour en extraire l’in- digo, ont employé la macération des feuilles dans l’eau. La macération s’exécute dans des cuviers de bois, et dans des ateliers où la tempéra- ture soit constamment de vingt à vingt-quatre degrés, pour que celle de l’eau des cuviers soit de seize à dix huit. Les cuviers ne doivent pas contenir plus de deux cent kilogrammes de feuilles, et leur profondeur ne doit pas dépasser un demi-mètre, ou dix-huit à vingt pouces. L’eau qu’on doit employer doit être de bonne qualité ; elle doit dissoudre le savon sans grumeaux, et être très-limpide. Il faut laisser prendre à l’eau la température de seize à dix-huit degrés, avant d’y jeter les feuilles. On met la feuille dans les cuviers, et on verse l’eau dessus, de manière que les feuilles en soit bien imprégnées. On a l’attention de ne pas presser la feuille pour que l’eau la pénètre facilement et également, et qu’elle ne s’échauffe pas plus sur un point que sur un autre. Le tassement des feuilles nuit singulièrement à l’extraction de l’indigo. M. Rouquès a observé plusieurs fois que deux kilogrammes de feuilles traitées à-la-fois dans un cuvier, lui donnaient une égale quantité et une meilleure qualité d’indigo, que quatre cents kilo- grammes traités dans le même cuvier et dans la même quantité d’eau. Lorsque les feuilles sont pressées, l’eau les pénètre mal et inégalement. Lorsque les feuilles sont en trop grande quantité, elles se tassent, s’échauffent, et la fermentation détruit l’indigo. Plusieurs fabricans proposent d’interposer des châssis à claire-voie entre les couches de feuilles ; on assujettit ces châssis, pour qu’ils ne s’élèvent point ou ne s’affaissent point avec les feuilles. Lorsque le cuvier est garni, on fixe des planches au-dessus des feuilles sans les pres- ser, pour qu’elles restent immergées pendant tout le temps que dure la macération. Quelques heures après l’immersion des feuilles, l’eau prend une légère couleur de paille ; la feuille devient flasque et a une teinte bleuâtre. Peu à peu l’eau acquiert une couleur verdâtre ; les feuilles sont souvent parsemées de taches d’un vert foncé tirant sur le bleu ; et, après quinze heures de macération, en regardant l’eau à contre-jour, on voit à la surface un iris bleuâtre ; la feuille acquiert une couleur vert- foncé et devient mollasse et sans consistance. M. Giobert regarde ce dernier signe comme décisif, pour prouver que la feuille a fourni à l’eau tout l’indigo qu’elle contient et qu’il est

RkJQdWJsaXNoZXIy NDY2MA==