Niépce correspondance et papiers
N IEPCE 345 228 1804 1815 après le battage : la précipitation sera plus prompte et plus complète à vingt-cinq degrés de chaleur ; et à trente-cinq, elle aura lieu sans battage. Si la température est plus élevée, on obtient une précipitation encore plus prompte et sans battage ; mais l’indigo est d’autant plus noir, que le degré de chaleur est plus élevé. Le battage est utile, en ce qu’il divise l’indigo et le fait paraître sous une couleur plus bleue et plus intense. On voit, en effet, que l’indigo qui colore les écumes est toujours d’un bleu plus brillant que celui qui se précipite en masse. On voit, d’après ce qui précède, qu’en faisant concourir l’emploi de l’eau de chaux avec l’élévation de la température du liquide, on peut diminuer sensiblement la proportion de l’eau de chaux et la réduire à un cinquième ou un sixième de la masse de la liqueur ; ce qui est d’autant plus avantageux, que l’indigo sera d’autant plus pur qu’on emploiera moins d’eau de chaux. On reconnaît, au reste, qu’on a employé assez d’eau de chaux, lorsque l’écume qui se forme ne prend plus une belle couleur bleue. [...] ART. IV. Lavage de la Fécule d’Indigo. Lorsque l’indigo s’est précipité au fond du cuvier, on décante l’eau qui surnage, et on verse sur le dépôt une nouvelle quantité d’eau pure, dans laquelle on agite la fécule pour la dépouiller de tout ce qu’elle peut contenir de soluble dans ce liquide ; on laisse reposer jus- qu’à ce que l’indigo se soit précipité. On décante cette première eau de lavage, et on en verse une nouvelle quantité de pure. On continue ainsi à laver la fécule jusqu’à ce qu’elle ne colore plus l’eau. On passe alors cette fécule à travers un tamis fin, pour en séparer la terre et le sable qu’elle peut contenir, et on porte ensuite cette pâte sur des filtres ou dans des manches, pour la faire égoutter et lui donner une certaine consistance. ART. V. Dessication de la Fécule d’Indigo. Lorsque la fécule sort des filtres ou des manches, on la place dans des caissons de bois blanc d’un demi-mètre de largeur [dix-huit pouces] sur huit décimètres de longueur [tren- te-deux pouces], et environ un décimètre de hauteur [trois pouces]. Le fond de ces caissons est garni d’une toile qui déborde sur les côtés. On étend l’in- digo en couches très minces, qu’on retourne et pétrit quatre ou cinq fois par jour, avec une truelle de cuivre. On peut placer sous la toile du papier gris ou du plâtre fin, pour absorber l’humidité. On peut aider la dessication par la chaleur du soleil, ou par une chaleur artificielle sèche. Lorsque l’indigo a pris de la consistance, on l’entaille par des lignes d’abord peu pro- fondes, et on augmente graduellement leur profondeur jusqu’à ce qu’il soit divisé en cubes. Pour terminer la dessication, on place ces cubes sur du papier gris dans des châssis de toile, et on les laisse exposés à l’air jusqu’à ce que, en cassant un angle des cubes avec le doigt, on entende un petit cri : c’est dans cet état qu’on leur fait subir une dernière opéra- tion qu’on appelle ressuage. (Puymaurin.) L’opération des lavages et de la dessication de l’indigo doit être aussi prompte que pos- sible, tant pour conserver à l’indigo une belle couleur, que pour prévenir la fermentation, qui le dénature, l’altère et le détruit en partie.
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