Niépce correspondance et papiers
346 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS 1804 181581 Du début de l’Empire jusqu’à la fin des Cent jours ART. VI. Du Ressuage de l’Indigo. On met les cubes d’indigo desséchés au point dont nous venons de parler, dans un baril qu’on recouvre avec le plus grand soin. Dans peu de jours, l’indigo exhale une forte odeur et désagréable ; sa surface se couvre de taches blanches, de moisissure et de gouttes d’eau ; il s’échauffe et acquiert une chaleur de six degrés au-dessus de celle de l’atmosphè- re. Après trois semaine ou un mois, l’humidité a disparu ; il ne reste plus que des points blancs sur l’indigo de bonne qualité, et de la moisissure sur l’autre. On enlève facilement la moisissure, mais les points blancs sont plus adhérens. (Puymaurin.) Le ressuage donne à l’indigo une belle couleur bleue et veloutée ; mais la couleur cuivrée ne se développe que lorsque l’indigo, après être sorti du ressuage, est parfaitement desséché. Il faut avoir l’attention de ne point sortir l’indigo du ressuage avant qu’il soit parfai- tement sec ; sans cela sa surface s’écaillerait par une dessication ultérieure, et on perdrait beaucoup d’indigo. L’indigo-pastel, parvenu à cet état, peut être livré au commerce ; et quoiqu’en général il n’ait pas l’aspect azuré ou le coup d’œil velouté du bel indigo de l’Inde, il ne tardera pas à être recherché par les teinturiers, 1° parce que son principe colorant est absolument et rigoureusement de la même nature que celui de l’indigo de l’Inde ; 2° parce qu’il ne deman- de pas de nouveaux procédés pour son emploi ; parce que son prix sera déterminé d’après sa qualité comparée, quant aux effets, à celle de l’indigo de l’Inde. [...] Le point capital était d’extraire l’indigo d’une plante européenne, par des procédés faciles et économiques, et ce but est atteint. ART. VII. Du Produit en Indigo Si nous consultons les nombreux mémoires qui ont été envoyés sur la fabrication de l’indigo-pastel, nous serons étonnés de la différence qu’ils présentent dans leurs résultats. Nous avouerons que la différence des pastels sur lesquels on a opéré, la variété des climats et de la culture, celle des procédés, ont dû amener des résultats bien différens, mais pas au point que les produits puissent varier depuis deux livres et demie pour cent feuilles, jus- qu’à deux ou trois onces. La principale cause de cette énorme variété dans les résultats, nous paraît tenir bien plus essentiellement à la différence que présente la pureté des produits. En effet, l’analyse nous a prouvé que la plupart des indigos contenaient peu de principe colorant ; qu’ils n’étaient dépouillés ni de la chaux, ni des matières verte et jaune que l’eau de chaux pré- cipite avec l’indigo ; de sorte que, pour présenter un plus grand poids, le produit n’en contient pas, pour cela, plus d’indigo réel ou pur. Pour résoudre le problème d’une manière complète, il se présente deux moyens : le premier serait de purifier l’indigo-pastel par l’action successive de l’eau, de l’acide muria- tique, de la potasse et de l’alcohol. L’eau bouillante enlève d’abord tous les principes solubles qui ont échappé au lavage de la feuille par l’eau froide. L’acide décompose les combinaisons que la chaux avait formé avec l’indigo, la matiè- re verte et la substance jaune ; et, par ce moyen, l’indigo et les autres substances sont mis à nu ; le lavage entraîne ensuite les sels calcaires qui se sont formés, ainsi que la substan-
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