Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 347 228 1804 1815 ce jaune qui est devenue soluble dans ce liquide ( 1 ). La potasse caustique dissout la matière verte, et les lavages entraînent ce nouveau composé. L’alcohol se colore d’un violet-rougeâtre sur l’indigo, et se charge d’un principe rési- neux verdâtre, différent des premiers, et que M. Chevreul 2 a fait connaître. Le second moyen consiste à déterminer le degré de pureté de l’indigo, par ses effets dans la teinture ; et c’est celui que nous avons employé pour connaître le rapport des divers indigo-pastels avec l’indigo colonial. M. Roard, qui a fait, aux Gobelins, une belle suite d’expériences à ce sujet, a trouvé que les indigo-pastels provenant des fabriques d’Albi, de Quiers, de Rieti, de Toscane, &c., étaient (quant à la quantité de principe colorant) com- parativement à celui de l’indigo de l’Inde, dans le rapport de 2 ou 3 à 1, c’est-à-dire qu’ils contenaient entre deux et trois fois moins de principe colorant que ce dernier. D’après ces données, calculant sur huit à dix onces d’indigo par cent livres de feuilles de pastel (ce qui résulte des expériences les plus authentiques faites en France et en Italie), on a, par cent livres de feuilles, un résultat en indigo-pastel, qui équivaut à quatre ou cinq onces du bon indigo de l’Inde ( 3 ). Ainsi, en évaluant le prix de notre indigo-pastel à 5 francs la livre, ce qui est le terme moyen des évaluations fournies par les fabricans, on peut aisément livrer dans le com- merce, à raison de 6 à 7 francs, une livre d’indigo-pastel, représentant, pour les effets, demi-livre d’indigo de l’Inde. Comme l’opération n’est point difficile à exécuter, et que les frais d’établissement ne sont pas coûteux, puisqu’il ne s’agit que d’avoir à sa disposition quelques cuviers et une bonne eau assez abondante, il est probable que cette nouvelle industrie passera dans les mains des teinturiers, qui, outre l’avantage de fabriquer eux-mêmes l’indigo dont ils ont l’emploi, trouveront celui d’employer les fécules liquides, et s’épargneront une opération longue et délicate, la dessication. Paris, ce 20 février 1812. Signé CHAPTAL, BARDEL, GAY-LUSSAC, THENARD, R. ROARD 4 . Vu la troisième partie de l’Instruction, le Ministre des manufactures et du commerce ordonne qu’elle sera imprimée à la suite des deux premières, le tout au nombre de trois mille exemplaires, qui seront envoyés et distribués dans les départemens. Paris, le 21 février 1812. Signé LE COMTE DE SUSSY 1. « Il convient d’employer l’acide muriatique à vingt ou vingt-deux degrés, sans l’affaiblir par l’eau : cet acide ne dissout point l’indigo, et la précipitation de l’indigo est plus prompte et plus facile que lorsqu’on a délayé l’acide par l’eau ». 2. Michel-Eugène Chevreul (1786-1889). 3. « M. Rouquès a obtenu, le 7 août, cinq kilogrammes d’indigo, de six cent kilogrammes de feuilles de dix-huit jours ; cet indigo, essayé aux Gobelins, a produit un effet qui, comparé à celui de l’Inde, s’est trouvé dans la proportion de 1 à 2 ». 4. Tous étaient membres de la « commission chargée de l’examen des substances indigènes propres à la tein- ture », présidée par Chaptal. C’est à cette commission qu’avaient été envoyés les échantillons d’indigo-pas- tel et les « observations » des frères Niépce sur la question (v. 224, 225).

RkJQdWJsaXNoZXIy NDY2MA==