Niépce correspondance et papiers
N IEPCE 361 jamais accablés de logemens* 1 , tant à la ville qu’à la campagne, et voilà qu’il faut payer les impôts. D’un autre côté, nous avons repris nos travaux encore suspendus à l’epoque où j’ai répondu à votre dernière lettre 2 : de sorte que nous allons nous trouver engager dans de nouvelles dépenses, ne fut-ce que pour achat de matieres premieres 3 dont nous pouvons avoir besoin. Nous desirerions donc que vous eussiez la complaisance de nous prêter en- core (si toute fois vous le pouvez sans vous gêner.). une cinquantaine de louis 4 , somme qui ne suffira certainement pas pour faire face à tout ; mais qui nous permettra de payer des à comptes, et de gagner du tems, car il faut bien espérer que le commerce reprenant, les pay- sans pourront vendre leurs denrées, autrement nous nous trouverions bientôt dans la plus affreuse détrèsse. Mandez-nous, je vous prie, mon cher cousin, le plus tôt possible, si nous pouvons compter sur les cinquante louis, et dans ce cas, veuillez nous indiquer par quelle voie vous pourrez nous les faire parvenir 5 . Nous avons eu au Gras 6 un général ; nous avons maintenant et peut être pour 15 jours, un colonel avec sa suite 7 . Je vais faire quelques com- missions avant de partir, ce qui m’oblige de finir, en vous assurant ainsi que la chere cou- sine des tendres sentimens que nous vous avons tous voué pour la vie. ://: J.N. Niépce ://: A Monsieur, Monsieur de Curley, rue des Novices, maison de Mr Millet, à Dijon. .à Dijon. cielle des émigrés. Alexandre se trouvait sur toutes les listes particulières et avait été oublié sur la liste géné- rale. Tous leurs biens furent confisqués et vendus [...]. En 1798, l’approche des armées révolutionnaires le força de fuir.Il s’enfonça en Allemagne,séjourna successivement dans plusieurs villes de cette contrée et finit par se fixer à Fribourg-en-Brisgau, auprès de son frère. En 1799, le ministre de la Guerre Carnot s’étant rendu à Bâle pour une mission particulière, Alexandre alla le trouver. L’entrevue fut amicale, comme il convenait entre parents [ils étaient apparentés par Bénigne, le père d’Alexandre], mais sans réticence Alexandre repro- cha à Carnot son vote régicide. Celui-ci chercha à l’excuser par ces paroles textuelles: « Si nous ne l’avions tué, il nous aurait tués [...] » (J.D.B.C. p. 34). En 1804, Alexandre avait épousé Adélaïde Philippine d’Anthès de Blotzheim.Trois enfants étaient nés de leur union. 1. Après l’irréparable défaite de Russie (fin 1812) et l’échec de la campagne d’Allemagne (fin 1813), la cam- pagne de France, en janvier 1814, s’était conclue par l’abdication de Napoléon (6 avril). La ville de Chalon, occupée par les Autrichiens depuis le 3 février, s’était ralliée à la royauté le 11 avril. Nous ne pouvons mal- heureusement détailler cette période de la vie chalonnaise qui, ainsi que le rappelle P.G. Harmant dans des notes qu’il nous a confiées, « a été étudiée avec une stupéfiante et admirable minutie par Louis Gallas en diverses occasions ». 2. Document inconnu. 3. Les travaux en cause étaient sans doute leurs travaux de recherche, mais nous ne pouvons dire lesquels exactement. 4. Mille francs. 5. Ni plus ni moins que telle ou telle difficulté d’ordre privé, la conjoncture historique ou économique ne fai- sait que mettre en valeur la précarité du régime financier auquel étaient soumis les Niépce (v. 162n). 6. Assimilé au nom de la maison des Niépce, « Au Gras » est celui d’un lieu-dit de Saint-Loup-de-Varennes. Selon Isidore, questionné par Fouque à ce sujet, la maison du Gras et la propriété qui en dépendait avaient été achetées par l’un de ses ancêtres à un certain M. Rocaud (v. S. 19). 7. Il s’agissait bien évidemment d’officiers de l’armée d’occupation. 237 1804 1815
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