Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 373 1. La Quotidienne. Elle avait été nommée Feuille du jour du 14/04 au 21/10/1796, puis du 1/04 au 6/07/1815. « [...] La Quotidienne se rendit célèbre par ses exagérations et ses violences ; elle revendiqua nettement pour le roi le droit suprême de pourvoir aux vides de la constitution et d’interpréter les lois. Rédigée, sous la direction de Michaud [v. 261n] et de Fiévée [1767-1839], par une bande de vaudevillistes et de chanson- niers de l’Empire,elle fit une guerre furieuse à la Révolution et considéra toute opposition comme factieuse. Ses diatribes envenimées, qui accrurent les causes de mécontentement, lui valurent l’appellation de Nonne Sanglante. Après 1822, La Quotidienne se mit dans la contre-opposition, l’opposition de droite ; elle dirigea ses batteries contre le ministère Villèle. Ce fut la gazette officielle de l’aristocratie du privilège, surtout du clergé » [...] (P.LA .). Rédigée à l’époque qui nous intéresse, la notice suivante n’est pas plus indulgente : « [...] Nous n’avons pas besoin de dire à quelle opinion appartient La Quotidienne, puisque son nom est presque celui d’un parti ; les rédacteurs qui n’y voient qu’une spéculation financière, la colorent le plus fortement qu’il est possible, pour servir de leur mieux les préjugés et les affections de leurs lecteurs. Beaucoup de méchanceté et un peu d’esprit et de mauvaise foi, tels sont les élémens constitutifs de La Quotidienne. On y soutient des principes et des opinions, dont certainement ceux qui les défendent ne croient pas un mot, et dont peut-être ils sont les premiers à rire : ils font leur métier et gagnent en conscience l’argent de bénoits abonnés » (A.M.). 2. L’Elise couvrit en 60 heures les 100 lieues environ que compte le trajet Rouen-Paris; « un bateau remonté par 20 chevaux, ne franchit cette distance qu’en vingt jours, avec des eaux favorables » (L.Q. n° 90) Claude et Nicéphore se montraient d’autant plus attentifs aux mouvements de l’Elise que le bateau était la propriété de la société Andriel-Pajol et compagnie,concurrents du marquis de Jouffroy d’Abbans (v.250,253n),avec lequel les deux frères envisageaient une association. Voici ce que Nicéphore pouvait lire dans son journal dès le 5 avril: « On conteste à MM. Andriel-Pajol et compagnie les avantages de la navigation, par le moyen de l’eau réduite en vapeur. La marche de l’Elise a déjà répondu de fait aux allégations des antagonistes de la compa- gnie » (L.Q. n° 96). Le 7 avril, à 2 heures et quart les Parisiens purent voir « le bâtiment l’Elise » commencer ses manœuvres à partir du quai Voltaire où il était amarré, traverser la Seine, remonter « assez rapidement » jus- qu’au Pont des Arts, et resdescendre « plus rapidement encore ». Mais l’exhibition fut écourtée parce que « le robinet placé à l’orifice du récipient de la vapeur, étant trop étroit, le mécanisme ne pouvait développer toute sa force » (L.Q. n° 99). Il fallut attendre le lendemain pour voir manœuvrer le bateau « avec tout le développe- ment de son mécanisme [...]. Sa vitesse à la remonte est à peu près égale à celle d’un cheval au pas relevé, et à la descente à celle d’un cheval au trot ». Le départ pour Rouen ayant été annoncé par « une affiche placar- dée sur tous les murs de Paris » (L.Q. n° 100), le nombre de passagers fut « très considérable »; parmi eux se trouvaient « plusieurs savants distingués » (L.Q.n° 103).Pour la société Andriel-Pajol,ce fut un succès.« Le bâti- ment l’Elise a fait le trajet de Paris à Rouen en 30 heures. Si sa marche n’avait pas été retardée par les brouillards, l’Elise serait arrivée en 22 heures, et aurait ainsi fait quatre lieues à l’heure » (L.Q. n° 106). On verra, au fil des semaines à venir La Quotidienne se déchaîner contre Jouffroy. Nous en ignorons la raison. Apparemment Michaud, sous la direction duquel était imprimée La Quotidienne, avait tout lieu d’être favo- rable au marquis, ancien émigré, récompensé pour sa fidélité aux Bourbons, nommé Commissaire dans les provinces de l’est, fait chef de bataillon et chevalier de l’ordre de Saint-Louis. Or tel n’était pas le cas. Le fait est d’autant plus surprenant qu’on ne retrouve rien de cet acharnement,bien au contraire,dans l’abondant article que lui consacre la Biographie Universelle dont la publication fut dirigée par Michaud jeune. 243 1815 1824 notre feuille 1 du 29 mars, sous la date du 28, l’annonce de l’arrivée du bâtiment à vapeur l’Elise, le 29 sur les deux heures de l’après-midi à Paris. Ainsi, mon cher ami, tu auras été à portée de le voir manœuvrer, de l’examiner peut être même d’assez près, et tu pourras nous dire au juste ce qu’il en est ; car il ne faut pas trop se fier aux rapports des personnes intéressées à la chose. Je fais cette observation par ce que d’après l’article que je viens de citer, les bateaux à vapeur remontent les // courans des rivières avec une vitesse telle qu’ils peuvent parcourir l’espace de 160. milles, c’est à dire de plus de 50 lieues en 32 heures ; et il est dit dans le même article que l’Elise partant de Rouen, le 26 à midi, arrivera à Paris le 29. à deux heures de l’après-midi ; cequi fait bien compté 74 heures. Or la Seine n’étant pas très rapide, et la distance de Rouen à Paris pouvant être évalué de 30 à 40 lieues, autant que je puis croire ; le calcul du rédacteur se trouverait furieusement en défaut : c. q. f. d. à moins toute fois que la pauvre Elise n’ait fait cette derniere traversée comme elle a fait celle de Londres au Hâvre, c’est à dire avec une jambe en l’air. Cependant, plaisanterie à part, si tout ce qu’on dit est vrai, c’est une très belle machine 2 .

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