Niépce correspondance et papiers
N IEPCE 377 devoient à Dieu de ce qu’ils devoient aux hommes. Ils honoroient dans les princes l’image de la divinité, quoique ceux ci la deshonorassent souvent par leurs dissolutions et leurs crimes. Or si, comme nous n’en pouvons douter, la religion nous fait un devoir de nous sou- mettre aux maîtres de la terre, lors même qu’ils sont mauvais ; à combien plus forte raison devons nous reconnoitre l’autorité du vertueux monarque qui, apres avoir été eprouvé dans le creuset des tribulations et instruit à l’ecole du malheur, est venu briser le joug oppresseur qui nous accabloit ? C’est donc à ce prince, Messieurs, que nous pouvons appli- quer ces paroles du roi prophète : la pierre, que les hommes qui bâtissaient en vain avoient rejettée pour toujours, est placée à la tête de l’angle pour etre le // le fondement de notre felicité. Lapidem quem reprobaverunt aedificates, hic factus est in caput anguli. Dieu seul a opéré cette merveille. A Domino factum est istud. Cependant s’il en etoit encor parmi nous, Messieurs, qui, sourds à la voix de la reli- gion, prétassent l’oreille à celle des factieux 1 ; qu’ils jettent un coup d’œil sur les suites funestes de l’insubordination : et peut être qu’en decouvrant le precipice affreux qu’ils creusent eux même sous leurs pas, ils seront portés à revenir de leur erreur, et à nous accorder enfin la paix après laquelle les vrais amis de la patrie soupirent depuis si long temps. En effet si nous ouvrons les registres des annalles du monde nous y verrons que les peuples qui ont voulu secouer le joug de l’obeissance ont toujours été les infortunées vic- times de leur insubordination. Le premier exemple qui s’offre à nos yeux nous est fourni par le peuple juif. A Hébron il se jette dans le parti du rebele Absalon ; et aussitôt il est taillé en pieces. Peu de temps après dix tribus oublient l’obeissance qu’elles doivent à Roboam ; et cette revolte les conduit à l’idolatrie qui enflamme la colere ( de Dieu ) , le porte à faire marcher contre elles tous les rois de Syrie qui les transportent à Babylone pour y subir une longue et dure captivité. D’ou provinrent les secousses affreuses qu’eprouva le peuple romain dans l’interieur de son empire et qui le mit si souvent à deux doigts de sa ruine, lors même qu’il etoit la ter- reur des autres nations ? si ce n’est de cet esprit d’insubordination et d’indépendance qui le portait toujours à vouloir renverser le gouvernement legitime. Tant que ce peuple fut soumis à ses chefs, la victoire marcha devant lui. Mais a peine fut-il dominé par l’ange pro- vocateur de la revolte, du trouble et de la confusion ; a peine ces monstres se furent ils cou- vert du sang de leurs maitres, que les douceurs de la vie civile disparurent. L’ordre public fut dissout, les liens de la societé furent rompus, et cet etat florissant se vit livré à toutes les horreurs de l’anarchie. Tels furent les fruits de l’insubordination dans cet empire le plus brillant de l’univers. Plus affoibli par les guerres intestines que par celles qui lui etoient suscitées au dehors, il soutint encor quelque temps sa puissance : mais epuisé par les troubles et les dissensions qui se succedaient rapidement, il s’ecroula : et de ses debris se formerent nombre de monarchies qui subsistent encore à la verité ; mais dont la tourmente revolutionaire à deja plusieurs fois provoqué la ruine. Mais qu’est il besoin de recourir à l’antiquité pour nous convaincre des suites funestes de la revolte ? Demandons à ces nations inquietes et turbulentes, // qui tour à tour ont ren- versé et relevé le trône de leurs monarques ce qu’elles ont gagné à ces differentes revolutions ? 1. Notamment les partisans de la Fédération. 244 1815 1824 1 8
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