Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 379 Vous nous avez rendu Louis le Désiré, et nous le recevons comme le gage le plus certain de l’alliance que vous daignez contracter avec nous. Comblez donc de vos benedictions ce prince vertueux qui devint en ce jour notre plus ferme appui. Daignez le couvrir de votre egide, et que son auguste famille qui chaque jour acquiert de nouveaux droits à notre reconnoissance amour soit toujours l’objet de vos complaisances. Faites ( aussi ) Seigneur, qu’à l’exemple de notre genereux monarque nous etouffions tout sentiment de haine et de vengeance 1 , et que mettant en com[mun] [v]os plus cheres affections chaque Français ne voye dans son concitoyen qu’un frere et un ami ; afin que n’ayant desormais qu’un cœur et qu’une ame sur la terre, nous nous rendions dignes de la recompense que vous avez pro- mise aux sujets fideles et aux chretiens unis par les liens de la charité. Ainsi soit il. 245 Extrait de lettre 2 Chalon-sur-Saône, 12 avril 1816. Nicéphore à Claude. [...] Je profite du peu de temps que nous avons à passer ici, pour faire faire une espè- ce d’œil artificiel 3 qui est tout simplement une petite boîte carrée de six pouces* 4 de chaque face ; laquelle sera munie d’un tuyau susceptible de s’allonger et portant un verre lenticu- laire. Je ne pourrais sans cet appareil 5 me rendre complètement raison de mon procédé. 1. « Dès le début, la seconde Restauration fut marquée par des actes de vengeance contre ceux qui avaient fait défection pendant les Cent-Jours. Le 24 juillet [1815], deux listes de proscription furent dressées [...]. L’une traduisait dix-neuf généraux ou officiers devant un conseil de guerre ; l’autre désignait pour le ban- nissement trente-huit personnes marquantes. Nombre de ceux qui étaient mis en accusation furent condamnés à mort et exécutés [...]. Les passions politiques et religieuses atteignirent leur paroxysme dans le Languedoc où les verdets, ainsi appelés parce qu’ils portaient un habillement vert ou une cocarde verte, [...] s’acharnèrent contre les bonapartistes, les républicains et les protestants [...]. Une commission fut insti- tuée pour examiner la conduite des officiers de tout grade ayant servi sous Napoléon. Le ministre de la Police, Decazes, présenta un projet tendant à donner au gouvernement le droit de détenir sans jugement tout individu arrêté comme prévenu de crime ou de délit contre la personne ou l’autorité royale (29 octobre).Les cris séditieux furent punis de la déportation (9 novembre).Une loi du 4 décembre 1815 décida que, dans chaque département, une cour prévôtale, composée d’un prévôt, colonel au moins, d’un prési- dent et de quatre juges choisis par les membres du tribunal de première instance, procéderait contre tout rebelle, tout individu accusé d’avoir fait partie d’une bande armée, arboré un signe de ralliement autre que le drapeau blanc, publié des écrits ou prononcé des discours séditieux, excité les citoyens à la désobéis- sance [...]. Ces tribunaux exceptionnels condamnèrent à l’échafaud, aux galères à perpétuité ou à temps un grand nombre de personnes. Pour mettre un terme à la politique de vengeance, le duc de Richelieu [ministre des Affaires étrangères et président du Conseil] présenta la loi d’amnistie du 12 janvier 1816. La Bourdonnaye proposa d’exclure du bénéfice de cette loi les titulaires des hautes charges pendant les Cent- Jours, les officiers généraux qui s’étaient rapprochés de Napoléon au retour de l’île d’Elbe et les conven- tionnels régicides » (H.F. t. 2 pp. 361-362). C’est ainsi que Lazare Carnot, apparenté aux Niépce, rappelons-le (v. 60n, 237n) dut s’exiler à Magdebourg. 2. Publ. in V.F. (p. 62). Le document original a disparu. 3. A l’époque, l’œil artificiel était un instrument d’optique destiné à montrer le principe de la vision et l’effet des verres correcteurs. Il s’agissait d’une sphère creuse (en bois ou en métal) sur laquelle était fixé un tuyau portant une lentille figurant le cristallin. Diamétralement opposé à ce tuyau, était pratiqué un trou muni d’un écran en papier huilé qui recevait l’image renversée transmise par la lentille. 4. Soit 16,24 cm. 5. Cette description montre que Nicéphore ne possédait pas encore de chambre obscure et qu’il n’avait pas encore réalisé véritablement d’expérience de type photographique. 245 1815 1824 1 8

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