Niépce correspondance et papiers
N IEPCE 385 ta réponse 1 : j’espere que le marché sera entièrement conclu demain soir, et les espèces comptées. Je t’instruirai du tout dans ma prochaine lettre. Nous sommes egalement en pourparler avec M r Dureault ; mais d’après ce que Barthélémy 2 vient de nous dire, les vins ne sont pas au prix de 240 francs la queue* comme on le prétendait. Au reste, mon cher ami, puisque tu veux bien nous autoriser à traiter sans ton intervention, nous agirons pour le mieux eu égard à notre position ; car il ne faut pas nous trouver au dépourvu si nous voulons être à même de parer aux dépenses plus fortes que nous sommes obligés de faire cette année. La mort du pauvre Martin nous ayant mis dans le cas de confier nos intérêts à un autre avoué, nous avons pris M r Perault procureur 3 , qui nous avait offert indirecte- ment ses services ; et cette circonstance imprévue ne nous a pas permis de te consulter là dessus, comme nous l’aurions certainement fait sans cela. Ce M r Perault est un fort // hon- nête homme, et même cequ’on peut appeller un charmant garçon. Nous n’avons jusqu’ici qu’à nous louer de son zèle et de son exactitude. Il a mis toutes nos affaires au courant, celle des Dufourneau est réglée 4 ; il va traiter avec Darier pour qu’il me paye d’ici à la fin de l’année, moitié des mille écus 5 qu’il me doit encore, et le reste l’an prochain. Notre créance sur M r Niépce de Tournus 6 est assurée : nous sommes portés sur la liste des créan- ciers chirographaires* ; la vente des meubles et immeubles est effectuée, et aussitôt que l’heureuse époque de la distribution arrivera, mondit Perrault s’emballera dans son cabrio- let, deballera à Tournus et empochera le capital avec encore 5 années d’intérèts si faire se peut ; car il n’entend pas raillerie là dessus. Je crois d’après cela, mon cher ami, que tout ira bien et que nous pouvons être parfaitement tranquilles : avec de l’ordre et de l’écono- mie on vient à bout de tout. Le grand point maintenant est de tâcher de tirer parti de notre découverte, hoc opus, hic labor est 7 . Mais tu n’as pas besoin prendre notre avis à cet égard ; et pleins de confiance en toi, nous nous en raporterons aveuglément à ceque tu jugeras à propos de faire. Cependant puisque tu désires connaître mon opinion, je crois tout bien considéré, que la détermination que nous avions prise avant ton départ, est peut être enco- re la meilleure, et tu sais que notre intention était alors de tâcher de nous défaire de notre modèle après l’avoir préalablement montré aux princes et même au Roi, cedont nous ne pouvons pas je pense nous dispenser, et cequi donnerait un nouveau relief à notre décou- verte ; car la Société d’Encouragement 8 ne pouvant, d’après ceque tu nous dis, mon cher ami, nous seconder efficacement, et notre projet n’étant point de nous lancer dans les 1. Au sujet de Coco, le cheval. 2. Sans doute le « fils Nollet » (v. 325). 3. L’avoué Claude Louis Perrault. Né à Chalon en 1767, il demeurait rue Saint-Georges (A.M.C. 3H1/2). 4. V. 219. 5. Trois mille francs. 6. Sans doute Jean-Baptiste Niepce. Il s’agit de toute évidence de ce « M. Niepce de Tournus » qui, jadis, était débiteur d’un capital de 2.000 francs au profit de Bernard (v. 212n). 7. « Voilà la difficulté,voilà ce qu’il y a de pénible. Commencement d’un vers de Virgile (Enéide,VI, 129). C’est par ces mots que la sibylle de Cumes explique à Enée la difficulté qu’il y a à revenir des enfers. On les rappelle pour indiquer le point difficile d’une chose » (N.P.L.I.). 8. La Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale (ou pour l’Encouragement de l’Industrie Nationale) avait été fondée le 20 fructidor an IX (7 septembre 1801). Nous l’avons dit, à la séance constitutive du 9 bru- maire an X (31 octobre 1801) à l’Hôtel de Ville, c’est Chaptal qui en avait été élu président. Le but de la Société d’Encouragement était « de réunir à elle tous les fonctionnaires publics, tous les savants, les artistes, les négociants, les fabricants, enfin tous les amis des Arts pour [...] exciter l’émulation, répandre les lumières, seconder les talents [...] ». Rappelons également que la Société était installée au 34 rue du Bac, dans l’ancien hôtel de Boulongne (v. 186). 247 1815 1824 1 8
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