Niépce correspondance et papiers
386 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS grandes entreprises ; je vois que nous n’avons que deux partis à prendre ; savoir, de vendre notre brevet après l’avoir fait renouveller, ou d’entrer dans une société dans laquelle nous fournirions pour action, notre moteur et son application. Au reste tu es bien plus à portée que moi de toute maniere, de juger cequ’il y aura de plus convenable et de plus avantageux pour nous. Le fait est que c’est là le grand objet qui doit nous occuper. Les malins nous observent, et si nous manquions le but que nous devons nous efforcer d’atteindre, // ils ne manqueraient pas de rire à nos dépens : il ne faut pas leur procurer cet odieux triomphe 1 . Nous voyons avec beaucoup de satisfaction, que les curieux commencent à venir, et c’est déjà une excellente chose. La visite de M r de La Chabaussiere 2 , celle de M r de Fitz-William 3 surtout ont dû te flatter infiniment. Nous partageons de tout notre cœur, mon cher ami, le plaisir que tu auras éprouvé dans cette occasion, ainsi que ta juste reconnaissance pour l’intérét bienveillant que M r de Fitz-William a paru prendre à notre machine, intérét qui n’est point à dédaigner et que nous serons peutêtre dans le cas de faire valoir très utile- ment. Puis que les autres mouvemens du pyréolophore s’exécutent bien, l’histoire du bélier 4 est peu de chose. L’ébranlement qui nuit à la régularité de son effet, ne donne qu’une plus grande idée de la force 5 : je présume d’ailleurs, que tu parviendras à rémédier à ce petit inconvénient. Nous t’expédierons sans faute par la diligence de mardi et franc de port, un paquet en toile cirée, portant ton adresse, et contenant à peu près tout le charbon de pierre pulvérisé qui était ici dans le cabinet du grenier. Sous l’enveloppe de toile cirée est un sac de toile renfermant un sac de papier double où est de charbon de pierre. 1. Pareils propos sibyllins ne sont pas rares dans la correspondance de Nicéphore. Dans la plupart des cas, nous ne pourrons les expliquer. Rappelons que les Niépce, généralement considérés et estimés, ainsi qu’on l’a constaté à de nombreuses reprises, avaient néanmoins des « ennemis » (v. 143). Ceux-ci ne fai- saient-ils qu’un avec « les malins » en question ? La question mérite d’être posée. On peut même se demander si ce n’est pas en partie pour s’en tenir à l’écart que Claude s’était installé à Lyon (v. 172) puis à Paris. Sachant que Chalon se prêtait parfaitement à ses travaux, ainsi qu’on le vérifiera avec Jouffroy, cette explication est plausible. 2. Ange-Jacques-Marie Poisson de La Chabeaussière (1755-1823). Il était le frère cadet du littérateur Ange- Etienne-Xavier Poisson de La Chabeaussière (1752-1820) qui,en 1795,avait reçu une Récompense nationale en même temps que Labène (v. 136). Ange-Jacques-Marie était entré dans l’administration des mines avant la Révolution. Il avait fini directeur des mines du Limousin. « Oublié sous les gouvernements républicain, consulaire et impérial, La Chabeaussière ne fut guère plus heureux sous la Restauration » (B.U.). Membre de la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale, il s’y fit remarquer à divers titres. 3. V. 243n. 4. La « boite de cuivre quarrée, pleine de plomb » qui, une fois libérée de « son arrêt », déclenchait le mouve- ment du pyréolophore (v. 185 mémoire art. 17 & 39). 5. Ce sont précisément cet « ébranlement » de la machine et la « vivacité des mouvemens que toutes ses par- ties reçoivent à chaque battement », qui avaient impressionné la commission de l’Institut en 1806 (v. 192). 1815 1824 De la seconde Restauration jusqu’à la naissance de la photographie Microscope solaire. A.Guillemin,LeMondephysique,tome2.Paris (1882).
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