Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 395 Damas que tu nous as fait remettre par M r Royer 1 . Nous lui en avons donné quelques uns ainsi qu’à M r Charvin pour ne pas nous exposer à perdre l’espèce dans le cas où les grains qu’on a semés ici, ne réussiroient pas bien. Baptiste les a mis dans des pots sous vitreaux, et les transplantera dans quelques jours dans des capots* déja préparés et qui sont très bien faits. La gelée blanche que nous avons ressentie au commencement de ce mois, n’a pas nui sensiblement à la vigne qui est chargée de raisins. Il y aura s’il plait à Dieu, abondance de vin, de foin et de fruits. Les bleds avaient souffert, mais ils se raccommodent. La campagne est magnifique, et une pluie douce et assez abondante que nous avons eue cette nuit, a fait le plus grand bien. Tes terres en tremois* ont été ensemencées comme tu l’avais recom- mandé. On a déjà sarclé tes fèves qui sont très belles ainsi que tes navettes 2 . Nous n’avons encore rien terminé avec M r Dureault pour la vente de nos vins. Il a allégué pour raison ou plutôt pour prétexte les évènemens de Grénoble ; mais le fait est je pense, qu’il était bien aise de voir la tournure que prendraient les vignes. Avant de faire de nouvelles démarches, il sera prudent de mander ici Barthelemy 3 , et de savoir si le prix des vins n’a pas varié. Je te dirai que la Grive 4 qui devait s’exécuter dans les premiers jours d’avril, cequi était déjà passablement long, n’a point reparu et n’a même pas donné de ses nouvelles. Il faudrait pour l’attraper tendre une pantière sur le pont du canal 5 , ou s’y placer à la fut avec une écumoire. Adieu, mon cher ami : porte-toi bien et reçois mille et mille tendres embrasse- mens de notre part./. ://: J.N. Niépce [E.m. p. 2] P.S. M me de Morteuil, M r et M me Charvin et M r le Curé te disent les choses les plus honnêtes. Tous nos gens d’ici et de la ville te présentent leurs respects. Pyrame et Ténor se por- tent on ne peut pas mieux./. 6 1. De toute évidence l’un des riches frères Royer, Jean-Baptiste (né en 1758) ou son cadet Claude (né en 1761), tous deux commissionnaires de profession, qui demeuraient place de Beaune (A.M.C. 3H1/2). Par erreur, P.G. Harmant a transcrit Roger. 2. « Espèce de choux que l’on cultive pour en récolter la graine, qui produit une huile analogue à celle du colza. Cette plante a l’avantage, sur le colza, d’occuper la terre moins longtemps, car on la sème en juin et on la récolte en septembre de la même année.Un hectolitre de graine de navette rend quarante livres d’huile;tan- dis que le colza est à peu près un an sur terre, et qu’un hectolitre rend cinquante livres d’huile. L’huile de navette s’emploie encore comme l’huile de colza, pour l’éclairage, la peinture etc. » (C. Br. p. 358). 3. Sans doute Barthélémy Nollet (v. 324). Les rares fois où l’on trouve son nom dans la correspondance, c’est, comme ici, à propos de vigne ou de vin. 4. Débitrice des Niépce, « la Grive », était probablement locataire d’un de leurs terrains. 5. Le canal du Centre, anciennement du Charollais, qui rattache la Saône (à Chalon) à la Loire (à Digoin). Du fait de l’ampleur de l’entreprise, le canal fut pendant plus de dix ans, au cœur de la vie bourguignonne. L’important essor que connaissait la région au milieu du XVIII e siècle (commerce de son vin, exploitation de son fer) relança une vieille idée de canal qui joindrait l’Atlantique à la Méditerranée. L’autorisation en fut donnée aux Etats de Bourgogne par un édit de Louis XVI de 1783. Commencés cette année-là, les tra- vaux furent terminés fin 1791 et le canal fut mis en eau sur toute sa longueur en janvier 1793. Le tracé fut effectué par le sous-ingénieur François Pourcher sous la direction d’Emiland Gauthey (1732-1806), auteur et directeur de ce grand projet. A la mort de Pourcher, en 1788, ce fut l’ingénieur des Ponts et Chaussées Claude Niepce (cousin issu de germain de Nicéphore) qui fut chargé de l’inspection des tra- vaux (v. App. VII § 4). 6. Cette lettre a été expédiée à Claude en même temps que celle du 21 mai (v. 251). 249 1815 1824 1 8