Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 55 Constitution présente sous la sauvegarde des générations futures ». C’est déjà un augure bien favorable de voir le soin de l’animer par la surveillance confiée aux sages que vous allez élire. Qu’à cette loi précieuse se joigne une instruction qui propage les connaissances utiles et proscrive celles qui seraient dangereuses ou superflues ; une discipline mâle, qui accoutume à sentir que la vertu n’est que la force bien dirigée ; des principes austères qui, s’emparant de la raison de l’homme dès l’enfance, donnent encore plus d’énergie aux habi- tudes, et la prospérité de la nation repose sur des bases indestructibles. Mais je ne dois pas oublier, Messieurs, que notre but était moins de vous entretenir de vous-mêmes, que d’arrêter quelques instants vos regards sur les élèves que vous nous confiez. Ils brûlent de manifester leurs sentiments par la voix d’un de leurs frères ; leur âge semble leur donner assez de droits sur les vôtres ; ils en auront un de plus peut-être à votre indulgence, quand vous saurez que l’interprète qu’ils ont choisi, M. la Porte, écolier de rhétorique, a désiré être et a été sans restriction seul auteur du discours qu’il va prononcer. [Dicours de M. Laporte, écolier de rhétorique au collège de l’Oratoire] Messieurs, Organe d’une jeunesse qui, au milieu de ses travaux, se sent enflammée du civisme le plus ardent, nous venons comme enfants communs de la patrie vous présenter la vive affection de nos cœurs. Mais oserons-nous faire entendre nos faibles voix au milieu de cette auguste assemblée, après que tant d’orateurs éloquents se sont empressés de vous offrir leurs hommages ? Oui, Messieurs, telle est notre confiance dans vos bontés, que nous osons penser que nos sentiments simples, sincères, sans autre fard que celui de la candeur, n’en auront pas moins de prix à vos yeux. Pourquoi resterions-nous dans le silence, lorsque nous voyons nos concitoyens accourir à l’envi pour vous féliciter ? Serait-ce à cause de notre faiblesse ? Mais elle est soutenue par votre indulgence. Serait-ce par timidité ? Quelle timidité condamnable que celle qui nous éloignerait de nos pères, de nos défenseurs, de nos amis ! Il est temps, Messieurs, que votre exemple nous entraîne et nous accoutume à ne rien redouter, quand il s’agit de montrer son patriotisme. Ne voyons-nous pas que votre seule ambition est de répandre le bonheur sur un peuple, hélas ! trop longtemps esclave ? Il n’est point de classe dans la société que votre administration n’aille bientôt atteindre et vivifier. Universels dans vos soins généreux, le faible jusqu’alors confondu dans l’oubli, n’en aura que plus de titres à vos bienfaits. Mais c’est à nous surtout qu’il appartient de parler le langage d’une reconnaissance sans mesu- re, à nous qui, formant nos premiers pas dans la carrière de la vie, semblons réservés par les destins à jouir du fruit de vos importants travaux ; aussi , nous le jurons avec toute la franchise de notre âge, ce sentiment ne s’éteindra qu’avec notre existence, et notre conso- lation sera de le transmettre à nos enfants. Vos noms chéris se présenteront toujours à notre mémoire unis à celui de la patrie. Qu’il est doux de la voir à notre aurore cette patrie si chère, cesser d’être en proie aux abus insultants et inhumains que nos sages représen- tants viennent de proscrire ! Que du sein de nos murs il nous soit permis de bénir les hommes immortels auxquels nous devons le bonheur de respirer le jour sous un ciel épuré par la liberté. Nous allons former un peuple nouveau, qui défendra jusqu’à la dernière goutte de son sang la Constitution qu’ils ont créée : mais que par-dessus tout, nos voix s’élèvent et chantent les louanges du Roi bienfaisant qui dédaignant un pouvoir aussi 43 1761 1792

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