Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 561 Nous sommes au courant pour les impôts de Jambles, mais encore en arrière sur ceux de la ville, de S t . Loup et de L’Abergement. Nous croyions que le nouvel auberg te . du Gras 1 s’exé- cuterait ponctuellement : il n’a pas même fait acte d’apparition, et nous allons en consé- quence, lui mander de venir. Quant à Mazoyer, il lui a été signifié de payer s’il ne voulait pas s’exposer à voir saisir ses récoltes ; mais d’après cequ’on dit du mauvais état de ses affaires, je présume qu’il faudra finir par l’exproprier. Il s’est présenté hier ici pour nous parler, et nous l’avons renvoyé au charmant garçon. Tu vois, mon cher ami, que nous ne sommes pas sans ressources ; mais tout cela n’est pas du comptant. Dans cette fâcheuse extrémité, il nous eût fallu emprunter ici et te faire passer les fonds à Paris : or, puisque tu es à portée de t’en procurer à un taux modéré, il vaut mieux je pense, sauf ton avis, employer ce moyen qui est plus simple, plus économique, et qui à raison de la difficulté actuelle des recouvremens, m’épargnerait d’ailleurs bien des embarras, parceque les délais fixés par le banquier pour le remboursement, laissent le tems de pouvoir se retourner 2 . Je dis que cet expédient me parait le meilleur sauf ton avis ; mais je vois par le contenu de ta lettre, mon cher ami, que telle est aussi ton opinion ; cequi me fait grand plaisir et nous arrangera tous beaucoup mieux. // Il faut convenir que ce terrible M r . D... 3 est dans le fond un assez bon homme ; car il a beau se brouiller avec les gens, il finit toujours par se reconcilier avec eux. Malgré cela, je souhaite que cette brouillerie soit la dernière que M.M. de J... se mettent dans cas d’éprouver. Tout ceci paraît il est vrai, un pur jeu de marionettes ; mais quelques fois il se passe des scènes tragiques dans la loge de Polichinel. En attendant, nous sommes charmés d’apprendre que M r . de la Chabeaussiere a l’espoir de conserver sa place 4 , et même d’en obtenir une autre, cequi est encore très prudent. Lorsqu’on a le malheur de tenir des emplois aussi précaires, aussi peu rendans, il faut avoir deux cordes à son arc. Il me semble, mon cher ami, appercevoir par le mot videbimus 5 , que tu n’as ( pas ) grande confiance au brillant succès obtenu par la société Pajol avec le nouveau bateau qu’ils viennent d’essayer sur la Seine. Leurs tentatives en ce genre, sont quelque chose de plus extraordinaire encore de leur part que de celle de M.M. de J... parceque la compagnie Pajol ayant acheté le privi- lège de Fulton 6 , aurait dû trouver la besogne toute faite. De quelque côté qu’on se tourne on ne voit, comme à la foire, que des jongleurs qui ne cherchent qu’à volatiliser la mus- cade* pour pouvoir tirer leur épingle du jeu. .Nous avons reçu la lettre d’Isidore, du 27 juin en réponse à ma dernière 7 . Il mous marque qu’il va se trouver bientôt au dépourvu de fonds ; cequi nous étonne d’autant plus que tu as eu, mon cher ami, la bonté d’emprunter pour lui 300 francs auprès de M r . Martin. Nous aimons à nous persuader qu’il ne jette pas l’argent par la fenêtre ; mais d’un autre côté nous ne concevons pas quel usage il en peut faire pour en dépenser autant 8 . Jusqu’ici 1. « Le neveu de Rameau » ? 2. Nous ne pouvons affirmer que par « banquier » Nicéphore désignait bien M. Martin. Si tel est le cas, il faut admettre qu’à l’occasion de ses premières « démarches », Claude était déjà entré en négociation avec lui et qu’effectivement « l’attestation » sollicitée auprès de Monsieur de Varenne n’était destinée qu’à « augmen- ter encore son crédit ». 3. Malgré nos recherches dans l’entourage des Jouffroy, nous n’avons pu découvrir l’identité de cette per- sonne. 4. Celle que M. de La Chabeaussière se félicitait de tenir auprès des Jouffroy. 5. Nous verrons. 6. V. 253n. 7. Lettres inconnues. 8. V. App. XVII § 1. 313 1815 1824 1 8

RkJQdWJsaXNoZXIy NDY2MA==