Niépce correspondance et papiers

564 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS .D’après ceque tu nous mandais, nous nous sommes emprèssés d’envoyer ta lettre à M me . de Morteuil 1 , après en avoir pris communication. Elle était écrite de maniere à la flat- ter beaucoup, et dans le fait elle lui a plu infiniment. Cette dame se proposait de te répondre de suite ; mais elle s’est trouvée indisposée pour le moment, cequi l’a forcée d’al- ler pour quelques jours à la ville où elle est plus à portée de recevoir les secours de la faculté. Nous espérons que tu sauras bientôt, si tu ne sais même pas déja à quoi t’en tenir, mon cher ami, sur ton projet de voyage en Angleterre ; parcequ’il est assez probable que M r . Keynion, qui paraît te vouloir beaucoup de bien, t’aura confirmé dans cette résolution, ou t’en aura détourné. Nous sommes, je te l’avoue, très impatiens de le savoir ; car une plus longue indécision pourrait nous être très préjudiciable. Dans la position où nous sommes, il est à craindre en effet qu’on ne s’empare de notre découverte, et nous nous trouverions alors d’autant plus embarrassés que malheureusement, le mal serait sans remède ; mais nous nous en rapportons pleinement là dessus à ta prévoyance ainsi qu’à ta sagèsse. Si tu pouvais parvenir à nous débarrasser de notre petit modèle à des conditions avantageuses, je crois comme toi, mon cher ami, que ce serait une opération bien importante pour nous ; et d’après cela nous ne saurions trop t’engager, si toutefois tu n’entreprends pas le voyage de Londres, à faire des démarches à ce sujet 2 . Messieurs // les Anglais, qui sont en général grands amateurs de toutes les découvertes utiles, ne laisseraient pas, je pense, échapper l’occasion de se procurer le type d’une machine destinée à faire époque dans les sciences mécaniques. Mais en cas qu’une pareille aubaine nous arrive, nous ne pourrions pas, ce me semble, d’après les propositions que nous avons faites tant à nos cousins qu’à M r . de Varenne, abandonner l’association projettée sans manquer aux procédés ou paraître inconséquens. Il faudrait d’abord avoir leur dernier mot pour savoir si l’arrangement pro- posé ne peut décidément pas nous convenir, et je ne doute pas, mon cher ami, que ce ne soit aussi là ton avis. Je serais bien curieux de connaître les expériences que tu as faites sur la m. v. et les nouvelles données que tu as acquises sur la réussite de la fameuse [...] 3 ; cependant, je ne te propose pas de me les communiquer parceque nos moyens de corres- pondance ne sont pas sans inconvéniens. Ce même motif m’empêche aussi de te faire part de quelques idées sur notre derniere machine 4 ; mais je ne les soumettrai à l’expérience que lorsque je croirai avoir acquis la presque certitude du succès. Je viens de m’occuper de l’analyse de la gomme-résine de gaïac. Mon objet était de mettre à nud la partie de cette substance, qui est susceptible des impressions de la lumiere. J’ai déja reconnu avec plaisir que cette singuliere propriété n’existe point dans la matiere gommeuse que l’eau dissout aisément ; et que la résine débarrassée de cette gomme rougeâtre, est bien plus sensible à l’action du fluide lumineux ; mais cette même résine est encore unie à un principe qui n’est soluble ni dans l’eau ni dans l’alcool, cequi m’offre le moyen de l’obtenir (.la résine.) par- faitement pure 5 . Si dans cet état, sa combinaison avec l’oxigène à l’aide de la lumiere, la 1. Pièce inconnue qui, sans doute, était jointe à la lettre adressée par Claude à Nicéphore le 3 juillet. Elle avait évidemment pour objet le baptême de la cloche. 2. Dix ans plus tard, le pyréolophore en « petit modèle » encombrera toujours le 42 rue du Bac (v. 427). 3. Initiale : r , h ou k . 4. De même que nous ignorons quel mot remplace chacune de ces initiales, nous ne pouvons dire quelle était cette « dernière machine ». Si Nicéphore voulait parler de la « fameuse » roue , c’est au mouvement perpé- tuel qu’il faisait allusion. 5. Expérience de séparation par effet de solvant. 1. La résine brute est placée dans de l’eau. Seule la gomme s’y dissout. Niépce sépare la solution aqueuse contenant la gomme, de la résine restée au fond du récipient. 1815 1824 1 8 De la seconde Restauration jusqu’à la naissance de la photographie

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