Niépce correspondance et papiers
N IEPCE 565 rend moins attaquable par l’alcool, j’aurai fait un grand pas vers la solution du problème que je me suis proposé 1 . Tu sais que le ph. 2 ne m’a fourni que des résultats peu satisfai- sans : son emploi d’ailleurs est dangereux, et une forte brûlure que je me suis faite à la main, n’a pas peu contribué à me dégoûter entierement de ce perfide combustible 3 . Je vais donc reprendre mes expériences, et je ne manquerai pas de t’instruire du résultat bon ou mauvais que j’aurai obtenu. Tu vois d’après cela, que je n’ai pas encore perdu l’espoir de réussir. Adieu, mon cher ami : reçois avec nos embrassemens les plus affectueux, l’assu- rance de notre tendre et inaltérable attachement./. Il nous tarde bien d’apprendre que tu t’es arrangé avec M r . Martin, banquier, pour fournir provisoirement à tes dépenses ainsi qu’à celles de ton cher neveu. [E.m. p. 1] Aussitôt que nous serons à même de te faire des fonds, tu peux te reposer sur notre empressement accoutumé à te les envoyer. On a déjà fauché le pré du Mariage, et tu as eu 10 chars de foin de première qualité. J’aurai le plaisir de t’adresser successive- ment la note de toutes tes récoltes. Il fait très chaud, mais il pleut de tems en tems, et la campagne est encore plus belle qu’elle n’était pas. Nous apprenons de Barthélémy que d’après toutes les apparences, on fera passablement de vin, et qu’il sera d’excellente qua- lité./ Nos amitiés je te prie, mon cher // [E.m. p. 2] ami, à Antoine et Victor. Leurs espérances et leurs vœux se sont-ils réalisés ? Nous sommes bien empressés de l’apprendre. Mille choses honnêtes pour toi, de la part de toutes les personnes de ta connaissance... Tous nos gens te présentent leurs respects. .Pyrame et Ténor, qui se portent fort bien, te font mille carèsses./. .M r . de Morteuil est attendu ici avant le 15./. Après avoir évaporé la solution aqueuse, il recueille la gomme qu’il soumet à l’action de la lumière. Elle n’est pas sensible. 2. La résine séparée de la gomme est placée dans de l’alcool. Elle s’y dissout tandis qu’il reste un résidu insoluble. Après filtration, Niépce obtient finalement une solution de résine très pure dans l’al- cool. Le savant J.B. Biot (1774-1862) réalisera cette séparation (en 1839) selon la même méthode. La solu- tion alcoolique de résine sera aussi étendue sur du papier pour observer la coloration bleue qui se produit sous l’action de la lumière. 1. Ce que recherche Nicéphore est ici clairement exprimé : obtenir la résine dans un état où elle présente la variation de solubilité dans l’alcool mentionnée dans les traités de chimie. Le grand pas qui serait franchi est celui du fixage de l’image qui demeure l’écueil principal de ses recherches. Nicéphore cherche à élimi- ner, par un lavage à l’alcool ordinaire, la résine non soumise à la lumière tandis que celle insolée devenue moins soluble resterait sur le papier. Nicéphore évoque ici le principe de fixage qui sera celui de sa future invention de l’héliographie. Disons tout de suite qu’il ira alors encore plus loin en l’utilisant aussi comme principe de révélation des images. 2. Phosphore. 3. Nicéphore échoue bien qu’il ait vu juste. L’américain John William Draper (1811-1882) en apportera la preuve en obtenant vers 1860 les premières images avec du phosphore. En 1867, Becquerel écrira : « La dis- position employée par Mr. Draper (B.S.F.P t. 8 p. 17) pour cette étude est assez simple : elle consiste à couler le phosphore entre deux plaques de verre et à exposer cette lame mince à l’action de la lumière ; le sulfure de carbone et les dissolvants du phosphore blanc enlèvent ensuite la partie non impressionnée, et le phos- phore rouge insoluble reste sur le verre » (BECQ. t. 2 p. 81). 314 1815 1824 1 8
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