Niépce correspondance et papiers

586 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS 325 Lettre (A.S.R.) 1 Saint-Loup-de-Varennes, 27 septembre 1818. Nicéphore à Claude. S t . Loup, le 27. 7 bre . 1818. Mon cher ami, Nous sommes charmés d’apprendre par ta lettre du 16 2 , que nous avons eu le plaisir de recevoir avant hier, que les principales pièces de ta machine d’épreuve, sont déjà termi- nées ; que tu les as fait peindre, et qu’elles sont posées dans le chassis destiné à les rece- voir. Il parait que l’ouvrage est solide et exécuté avec soin, ce qui ne m’étonne pas, mais cequi, comme tu le dis, est bien essentiel pour une machine de cette nature là, destinée à répondre victorieusement aux doutes que l’on pourrait élever sans cela, sur la bonté de notre découverte. Voilà déjà, mon cher ami, une excellente chose. Tu vas maintenant t’oc- cuper du plus difficile, c’est-à-dire du mécanisme ; et je t’avoue que nous partageons bien tes craintes sur les premiers résultats de ta prochaine expérience, malgré le fond de res- sources et de moyens que tu as à ta disposition, et toute l’exactitude que tu te proposes de mettre dans l’exécution de [l]a machine. En effet, il s’agit d’obtenir la plus grande régula- rité possible dans le jeu des différentes pièces qui la composent, et cela par des procédés plus simples il est vrai, mais dont tu n’as pu encore te rendre parfaitement raison. Il est donc possible et même très-probable que tu n’arriveras pas d’emblée à un résultat aussi satisfaisant que tu peux l’espérer. Tu dois t’y attendre, mon cher ami ; mais tu ne te rebu- teras pas sans doute pour cela. Le point important est que tu puisses assez compter sur la bonté de tes données, pour bien augurer de la solution des difficultés que tu rencontreras nécessairement. Nous ne pourrions dans le fait, nous exposer à entreprendre l’expérience en grand, (.et tu seras sans doute de mon avis.). s’il était démontré impossible de parvenir à cette régularité dans les éffets, sans laquelle une machine perd infiniment de son prix, surtout à raison de l’application que nous voulons en faire. Mais nous devons éloigner de nous cette facheuse idée, et concevoir au contraire, les plus flatteuses espérances d’après la simplicité même des nouveaux moyens que tu as inventés 3 , et la juste confiance // que nous inspire l’heureuse sagacité dont tu as donné tant de preuves. Nous ne pouvons, mon cher ami, t’offrir à ce sujet autre chose que des vœux ; mais ils ne sont pas moins ardens que sincères, et le ciel les exaucera je l’espère. Une fois l’expérience faite, si elle réussit selon tes desirs, et que ton procédé d’application pour le point d’appui, soit bien constaté par de nouveaux essais ; tu seras alors en bon chemin, et tu pourras chanter la mère godi- chon 4 . Je voudrais bien aussi me trouver moi-même bientôt dans ce cas-là. Je suis toujours mes recherches avec une nouvelle ardeur. Je m’occupe dans ce moment d’une expérience qui me promet, grâce à Dieu, un bon résultat. C’est un perfectionnement que j’ai fait à la maniere d’employer la substance animale 5 dont je t’ai parlé. Je crois obtenir des effets 1. Publ. in U (doc. 13). Ce document constitue le premier élément de réponse à l’embarrassante question que Fouque posera à Isidore le 17 juin 1867 (v. S. 32). 2. Inconnue. 3. Nicéphore savait-il en quoi ceux-ci consistaient ? On peut en douter (v. 307). 4. Expression du XVIII e siècle qui signifiait faire bombance. On la trouve sous la plume de H. de Balzac ( Un début dans la vie ; Splendeurs et Misère des Courtisanes ), de Théodore de Banville (1823-1891) ou encore d’Eugène Chavette (1827-1902). 5. Peut-être l’huile animale de Dippel que Nicéphore indiquera en 1829 comme dissolvant de son vernis au bitume de Judée. Il est toutefois à signaler qu’il notera à cette date que c’est un produit nouveau pour lui. 1815 1824 1 8 De la seconde Restauration jusqu’à la naissance de la photographie

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