Niépce correspondance et papiers

594 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS pour avoir le plaisir de répondre à ta lettre du 8. Je m’empresse aujourd’hui de re[parer] le tems perdu, et de te remercier de la confiance que tu v[eux] accorder au travail dont je desire voir lentiere execution, qui est beaucoup plus longue que je ne l’avais cru d’abord ; mais tu [le] rap- peles sans doute mon cher ami combien il est difficile de deviner juste l’epoque d’une pareille entreprise à raison du tems que les ouvriers vous font perdre, et des difficul[tés] d’execution qu’on rencontre souvent, sans qu’on ait pu les prevoir ◊ cependant Dieu merci l’ouvrage s’avance, mais il reste encore beaucoup à faire, et jespere que tout sera fini pour Noël. Cependant je ne puis encore l’assurer par ceque ne pouvant disposer à mon gré des ouvriers, tout dependra du tems quils auront de libre, et leur nombre n’étant pas très considerable, il faut bien prendre leur tems comme il vient ; j’emploie le mien comme de raison uniquement à cet objet, afin d’eviter autant que je le pourrai, de faire de mauvaise besogne. Je suis charmé mon cher ami que les renseignemens que j’ai eu le plaisir de te donner sur la chambre lucide aient contribué ainsi que ceux de mon cher neveu, à t’en donner une plus juste idée que celle que la description de cette ingenieuse machine avait pu t’en faire concevoir ; j’attends avec grand empressement le resultat de tes nouvelles recherches, et quoique l’interet que j’y attache m’ait engagé, mon cher ami, à me priver de beaucoup // de details qu’il m’eut été bien agreable de recevoir de toi 1 ; je n’en suivrai pas moins je l’es- pere tes succès, et tes esperances à cet égard ; jespere quelles se realiseront ainsi que les miennes, et que nous serons dedommagés l’un et l’autre de nos soins et de nos travaux. Si le cher cousin dont tu m’annonces mon cher ami, l’arrivée est encore auprès de vous je te te prie de ne pas moublier auprès de lui et de sa famille ; je présume comme toi qu’il ne vous fait d’aussi frequentes visites, que parcequ’il a toujours en vüe son projet, cequi comme tu le dis fort bien, n’en sera pas plus agreable, mais les dispositions de sa fille ne sont rien moins qu’engageantes, et si elle avoit le même caractere que sa chere maman, elle ne serait point du tout cequi faudrait à ton cher fils ; je le sens comme toi mon cher ami et je te suis infiniment obligé des confidences que tu v[o]eux bien me faire à cet égard, je crois que tu as bien raison ainsi que ma cher sœur 2 de prévoir quelles [pou]rraient en être les suites, et de les faire appercevoir à votre cher fils, qui heureusement n’est pas très fort épris de la jeune personne ; je sens que sous bien des rapports cet arrangement, eut été très sortable* ; mais ce sont des raisons assez fortes, pour faire faire de mûres reflections. D’ailleurs Isidore est encore bien jeune, pour s’engager dans les liens du mariage ; il peut bien jouir encore quelques années de sa liberté, et si nos travaux reussissent il peut faire un etablissement plus avantageux et plus peut-être de son gout ; j’espere mon cher ami que ces reflections de ma part, ne seront connües que de toi et de ma chere sœur ; et qu’elles vous paraitront une suite naturelle de mon tendre attachement pour vous, et mon cher // neveu, dont le sort m’interesse trop, pour pouvoir pressentir qu’il put un jour avoir des regrets d’un pareil etablissement. Il y a grande apparence que lorsque vous recevrez ma lettre la negociation sera terminee, elle ne laisse pas, que d’être fort embarassante, surtout tête à tête ; j’en apprendrai le resultat avec bien de l’empressement 3 . Je te remercie beaucoup mon cher ami, des renseignemens que renferme ta lèttre, sur la nouvelle machine, dont vous faites deja usage, et qui m’etait entierement inconnüe ; il parait daprès ceque tu m’en dis qu’elle pourrait devenir fort utile dans ce pays surtout, où les routes 1. Par crainte que les lettres de Nicéphore ne fussent ouvertes. 2. Agnès, nous l’avons dit. 3. Rien ne nous a permis de deviner quel était ce cousin dont la fille montrait des dispositions « rien moins qu’engageantes ». 1815 1824 1 8 De la seconde Restauration jusqu’à la naissance de la photographie

RkJQdWJsaXNoZXIy NDY2MA==