Niépce correspondance et papiers
N IEPCE 595 sont si bien entretenues et fort unies ; je conçois qu’on peut avec de l’excice 1 et dans un beau chemin, aller fort vite ; on doit cependant comme nous le disions avoir un drôle d’air sur une pareille monture, je pense que quelqun d à grandes ( jambes ) comme Isidore, peut aller fort vite ; car il parait que les pieds servent a se faire avancer, et plus les [pas] sont longs et plus on doit faire de chemin, sans se fatiguer davantage. J’apprendrai avec grand plaisir de nouveaux details de cette nouvelle invention, surtout si comme tu en as l’intention tu viens à bout de la rendre plus parfaite 2 . Je pense souvent, a celle qui doit faire suite, aux bateaux et j’ai fait à cet egard plusieurs reflections, qui me font croire, qu’avec une force comme la nôtre, son succès serait certain ; il me tarde de pouvoir faire quelques experiences à ce sujet ; mais il ne faut pas vouloir trop embrasser à la fois d’après le proverbe, qui trop embrasse mal etreint. Je finis faute d’espace, en vous embrassant mes chers amis mille fois de tout mon cœur. Mon cher neveu est bien entendu compris dans l’embrassade. P.S. Mes respects et complimens à toutes les personnes de notre connaissance, bien des choses amicales au cher cousin St Victor et le bonjour à tous nos gens. Mes caresses aux velocipedes. Vous avez surement appris par le voië des journaux la triste nouvelle de la perte que vient de faire l’Angleterre, la mort de la reine A Monsieur Monsieur Niepce Ruë de l’Oratoire A Chalon s. Saône France [N.s.m.] .Répondu le 29. 9 bre . 1818. (Dimanche). 3 1. Lire exercice. 2. Claude évoquait ici le vélocipède ou draisienne (v. 332). Voici ce qu’a écrit Paul Jay à ce propos: « Nicéphore Niépce en construit une en 1818 avec une amélioration sensible qui est le siège réglable [...]. Cette construction provoque l’admiration de Claude Niépce qui félicite chaudement son frère » (P.J.2 p.53).Ceci, pièce à l’appui: un vélocipède (don de Mme Poizat), supposé avoir appartenu à Nicéphore, aujourd’hui exposé au Musée Nicéphore Niépce après l’avoir été auMusée Denon.A notre connaissance,aucun document ne permet de pen- ser que Nicéphore ait fabriqué un vélocipède, ni même de lui attribuer l’idée du siège réglable. Il est vrai que certains auteurs, comme Paul Melot, qui avouait pourtant être « mal renseigné », n’ont pas hésité à cautionner la fable selon laquelle Niépce « vint à Paris exhiber un“ céléripède ”qu’il conduisait,paraît-il,avec une surprenante adresse et à une allure qui stupéfiait les spectateurs » (P.B.). Près d’un siècle plus tôt, Lacan, commentant ce pas- sage de la lettre de Claude, avait écrit carrément : « On sera fort étonné, comme nous l’avons été nous-même, d’apprendre que l’inventeur du vélocipède n’est autre que Nicéphore Niepce » (M.P. 1/10/1868 p. 121). Ces erreurs firent recette;au point qu’aujourd’hui encore,sans ignorer le rôle du baron Drais dans l’affaire,on estime prudent de préciser: « toutefois on prétend aussi que l’idée en revient à Nicéphore Niepce » (L.A.E.J. p. 7). Pour notre part, nous nous bornons à constater que les Niépce disposaient, apparemment, d’au moins deux véloci- pèdes (v. post-scriptum) et que Nicéphore avait « l’intention » de perfectionner l’invention. De fait il s’y appli- quera pendant quelques temps,cherchant même à rendre l’engin automobile (v.384).Laissons de côté les célé- rifères, qui avaient fait l’objet d’une comédie musicale au théâtre du Vaudeville le 19 mai 1804; venons-en à cette année 1818.Le 7 avril,on avait pu lire dans la Petite Chronique de Paris, un article sur le vélocipède du baron Drais. Présenté dans les jardins du Luxembourg, l’engin avait pu être facilement suivi en courant, même par les enfants.Moins de trois semaines plus tard, l’Angleterre avait suivi les progrès de l’affaire; on avait pu lire dans le Liverpool Mercury le compte-rendu d’une nouvelle exhibition,au Luxembourg toujours,en présence d’une foule immense. Les draisiennes avaient semblé convenir pour la campagne et pour de courts trajets sur de bonnes routes. Mai 1818 avait vu paraître sur la scène du Théâtre des Variétés, sur les boulevards, un spectacle d’actua- lité: Les Vélocipèdes ou « Draisienne à louer ». Durant tout l’été, les vélocipèdes avaient été la grande attraction des fêtes de Sceaux, Belleville et Montfermeil (H.O.D.). 3. De la main de Nicéphore. Lettre inconnue. 328 1815 1824 1 8
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