Niépce correspondance et papiers

598 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS 330 Lettre (M.N.N.) 1 Hammersmith, 16 juillet 1819. Claude à Nicéphore. Hammersmith le 16 juillet 1819. Mon cher ami, J’ai reçu hier, avec le plus grand plaisir ta très interessante lettre du 8. Je m’empresse de t’adresser ainsi qu’à ma chere sœur, mes sinceres remercimens et mes felicitations ; pour l’heureuse issuë de la negociation importante, et difficile ; dont vous avez bien voulu vous charger 2 ; il n’y avait pas de tems à perdre, et je partageais quoique éloigné, mes chers amis, toutes vos sollicitudes et vos démarches penibles, dans cette circonstance ; Dieu merci, tout s’est terminé, et de la maniere la plus avantageuse, puisqu’elle nous donne comme tu l’ob- serves fort bien, le tems de nous retourner, en attendant un emprunt à un denier 3 moins élevé ; cequi peut se rencontrer 4 ; l’abbé Dodey au souvenir duquel je suis bien sensible pourrait fort bien nous trouver cela ; et il faut convenir qu’il nous rendrait un vrai service d’ami ; et il sera bon de lui rappeler en tems et lieu, sa bonne volonté à notre égard. Je suis infiniment reconnaissant mon cher ami de la nouvelle preuve de ton tendre attachement pour moi, dans la déférence que tu as à mon egard relativement à ton cher fils ; je ne puis qu’être de ton avis, et rendre justice à votre conduite, et à la sienne ; je crois qu’il n’a pas l’intention de continuer son service, il serait donc penible pour vous mes chers amis, de l’y retenir ; car les motifs d’economie ne seraient pas suffisants ; pour prendre cette determination. Si cette carriere pouvait lui être avantageuse ; j’y concourrais certai- nem ( ent ) // de mon côté avec, le plus grand zèle ; mais je conçois que dans votre position et dans la sienne, l’attachement qui vous unit, doit vous faire desirer son rapprochement, et je ne puis qu’y applaudir. Je suis charmé d’apprendre que Edouard l’ait laisse en bonne santé 5 , je te prie de lui faire mes complimens. Je conçois comme toi mon cher ami que les fréquentes interruptions qu’éprouvent tes ingenieuses recherches, doivent leur être extrèmement contraires, et pénibles pour toi ; car malgré soi, on soccupe sans cesse de ses idées et l’on souffre de ne pouvoir s’en rendre rai- son ; mais quelques fois aussi ; la reflection dissipe souvent bien des nuages, qui nous empechent de juger clairement 6 ; et elles evitent souvent une execution d’appareils ou de procédés, qui eussent pris bien du tems ; au moins j’en juge d’après moi ; et c’est d’après cela que j’ai adopté la bonne methode, de ne rien faire éxecuter qu’après avoir reflechi long- tems, et fait des experiences, comparatives et preliminaires, de l’effet que je cherche à pro- duire ; cette maniere de procéder parait devoir retarder beaucoup lexecution des travaux, mais je suis persuadé d’après l’experience, que dans toutes les inventions nouvelles ; non seulement elle ne fait pas perdre de tems, mais elle diminue de beaucoup la dépense, cequi est un point bien essentiel pour nous. Je suis bien reconnaissant mon cher ami, des eloges 1. Publ. in P.J.3 (p. 33). Louis Gallas en avait publié deux extraits (L.G.11 et L.G.12 p. 3). 2. Un emprunt. 3. Taux. 4. Tous les emprunts dont nous avons retrouvé la trace, étaient effectués sur le pied du denier vingt, soit 5%. 5. Nous ignorons la nature des relations qu’entretenaient Isidore et Edouard Burignot de Varenne. Ce dernier qui a évoqué ses meilleurs camarades dans ses mémoires, n’a rien dit de lui. 6. Propos tragiques si l’on considère la fin que connaîtra Claude moins de neuf ans plus tard. Nous y voyons le premier effet de la claustration qu’il s’était imposée. 1815 1824 1 8 De la seconde Restauration jusqu’à la naissance de la photographie

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