Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 61 Ah ! quel heureux moment pour vos cœurs éperdus, Lorsque autour des drapeaux de l’auguste patrie Vous allez contempler la France réunie D’un prince citoyen bénissant les vertus, Et par le doux concert de son libre suffrage, Affermissant l’ouvrage Des Licurgues 1 nouveaux, Dont les hardis travaux Dans la nuit éternelle ont plongé l’esclavage ! Les voilà, ce bon roi, cet illustre sénat 2 ! Les voilà ! mille cris annoncent leur présence… Des serments solemnels vont vouer à la France Le cœur du citoyen, la valeur du soldat. « Nous jurons, disent-ils, d’être vainqueurs des traîtres « Qui, fiers de leurs ancêtres, « Insultoient à nos droits ; « Aux joug commun des loix « Nous fléchirons l’orgueil de ces superbes maîtres. « Qu’ils fatiguent les airs de leurs cris insolens ; « Qu’ils trament sans pudeur d’inutiles intrigues ; « Que peut l’art ténébreux de leurs secrettes brigues ? « Pour nous, soyons Français : nous serons triomphans. « Aux perfides complots de leurs troupe égarée, « D’une ligue sacrée « Opposons les saints nœuds ; « Vivons, vivons heureux, « Malgré les hurlemens de leur rage frustrée ». O rives de la Seine ! ô monarque chéri ! Dites-nous quels transports, quelle touchante ivresse Vous faites éclater en ce jour d’allégresse, Où s’unit au Français le Français attendri. Elles ne sont donc plus ces fatales barrières, Qui d’un peuple de frères Divisoient les liens ! Trop heureux citoyens, Vous ne rougirez plus de l’orgueil de vos pères 1 . 1. Lycurgue est un législateur à moitié légendaire qui fit longtemps la gloire de Sparte. Sa législation avait principalement pour but d’établir l’égalité entre tous. Il instaura un gouvernement composé de deux rois dont la puissance était limitée par cinq magistrats et par un sénat de vingt-huit membres élus par le peuple ; aussi, dès le début du IX e siècle av. J.C., Sparte fut-elle plutôt une république qu’une monarchie (M.N.B.) 2. L’Assemblée nationale. Dans leur exaltation, certains auteurs parlaient de « l’assemblée des sages ». 3. Il nous semble permis de supposer que Labène fut lui-même témoin de la fête de la Fédération et jeta le jour même ces dernières lignes sur le papier. 47 1761 1792

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