Niépce correspondance et papiers
628 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS 344 Lettre (M.N.N.) 1 Hammersmith, 25 février 1820. Claude à Nicéphore. Hammersmith le 25. fevrier 1820. Mon cher ami J’ai reçu hier soir ta chere lettre du 17. 2 et je profite du courier d’aujourd’hui pour avoir le plaisir d’y repondre ; je te suis bien obligé des details, quoique bien affligeants, que tu veux bien me donner sur la perte irreparable 3 que viennent de faire la famille royale et la France entiere ; un crime aussi atroce fera fremir d’horreur la posterité la plus eloignée. Tous les journaux anglais en l’annoncant, ( en ) ont témoigné leur vive et juste indignation et cette nouvelle a causé dans ce pays ci la plus grande consternation et a renouvelé la douleur occa- sionnée par la perte ( recente ) que vient de faire l’Angleterre, et quelle a demontrée de la maniere la plus solenn ( elle ) par les honneurs rendus, aux funerailles du roi et du duc de Kent si justement regrettés. Je m’abstiendrai comme toi mon cher ami de tout commentaire sur la perte que vient de faire notre pays elle est [u]n sujet de reflections les plus tristes et les plus inquietantes 4 . Esperons que le ciel, nous preservera de plus grands malheurs 5 . Je regrètte bien mes chers amis que les instants que vous reserviés au plaisir d’être reunis avec nos parens 6 aient été troublés par daussi facheuses circonstances ; il est bien malheureux que la pauvre Isaure ait herité de la maladie de sa mère, elle doit être deja bien interessante ; et vous avez du être bien affectés de son état. Je suis charmé dapprendre quel- le soit beaucoup mieux et je vous prie de vouloir bien dire à mon cousin les choses les plus obligeantes de ma part et combien je suis sensible aux souhaits qu’il a témoigné pour le succès de mes travaux ◊ il peut bien croire que nous ne l’oublierons pas, si nous avons le bonheur de reussir. // Je vois avec bien du plaisir mon cher ami que tu viens de faire des nouvelles experiences qui te promettent des resultats bien interessants, pour ton objet ; la transposition serait un procédé si non aussi expeditif que le premier ; qui je crois aurait sous dautres rapports de grands avantages 7 , et je desire de tout mon cœur que les esperances que tes dernieres expe- riences t’ont fait concevoir puissent se realiser ◊ voici heureusement la belle saison qui approche ◊ avec quel plaisir tu en profiteras une fois que tu seras assuré de la base du phe- nomêne qui t’occupe. Alors, il realiserait le rêve de ma chere sœur, et ce serait bien une gran- de victoire sur les grandes difficultés que tu as eues à surmonter, je desire bien avoir aussi ma 1. Fouque n’en avait cité que quelques lignes (V.F. p. 104). Louis Gallas en a publié deux extraits (L.G.13 et L.G.14). 2. Inconnue. 3. Celle du duc de Berry, assassiné le 13 février. 4. « Le crime était l’œuvre personnelle d’un misérable fanatique [Louvel] ; mais pour les écrivains royalistes, c’était une occasion de dire avec Charles Nodier : « On demande si le couteau qui a tué le duc de Berry s’ap- pelait un poignard, un tire-point, un tranchet. Je l’ai vu : cet instrument s’appelle une idée libérale » (P.T.D.). 5. Depuis l’élection de Grégoire à la chambre, fin 1819, les journaux d’extrême droite excitaient plus que jamais l’émotion générale contre les libéraux. Cet immense scandale, évoquant soudain la Convention, sus- cita effroi et indignation. Si l’assassinat du duc de Berry mit brutalement un terme à « l’œuvre de concilia- tion libérale, inaugurée par le duc de Richelieu après 1816, reprise avec plus de hardiesse encore, à la fin de 1818, par M.de Serre » (P.T.D.), la politique de défense qui s’ensuivit favorisa l’opposition factieuse.La France entrait dans l’ère des sociétés secrètes et des conspirations. 6. Augustin-Laurent Niepce de Saint-Victor et sa famille (v. infra). 7. Toujours à la recherche d’un procédé de transposition,Nicéphore n’obtient donc que des images négatives, probablement au bitume de Judée. 1815 1824 1 8 De la seconde Restauration jusqu’à la naissance de la photographie
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