Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 633 davoir celui d’y repondre et de te remercier des détails bien satisfaisans pour moi, qu’elle contient. Je les ai lus et relus avec le plus vif interet. Je te felicite de tout mon cœur de la nouvelle route que ta sagacité et tes constantes recherches t’ont ouverte, mon cher ami, et jespere comme toi quelle peut te mener à la solution du resultat ingenieux et si difficile qui t’occupe ; il est vraiment bien extraordinaire que le fl. lu. puisse travailler de concert avec le calorique 1 , et le probleme serait (comme tu lobserves fort judicieusement) entierement resolu si les teintes pouvaient être entierement carbonisée en conservant leur intensité rés- pective, qui produit leffet 2 . Combien je desire mon cher ami qu’un aussi flatteur apperçu puisse être confirmé par tes experiences ulterieures ! avec quel plaisir jen apprendrais le resultat ! sans cependant compromettre ton ingenieux procedé. Je vois avec peine que tes travaux vont être encore interrompus par l’arrivée du cher cousin auquel je te prie de dire beaucoup de choses amicales de la part. Mais je presume que son zele pour la mission ne vous obligera pas de quitter la campagne, ou vous êtes beaucoup mieux qu’a la ville surtout sil fallait y passer une 15 aine . La nouvelle que tu veux bien me donner mon cher ami de la vente des bois de M. le duc d’Uzès 3 me fait plaisir par rapport à lui parceque d’après la generosité du gouvernement actuel, il a recouvré 4 une partie des biens qu’il avait perdus 5 ; mais je regrette comme toi le déffrichement de ces bois, le // pays, et notre maison de cam- pagne 6 y perdront beaucoup de leur agrément ; car vraissemblablement tout le bois de Lux sera du nombre et cela changera totalement l’horizon, de ce côté la 7 ; je regrétte beaucoup mon cher ami d’avoir été aussi longtems privé du plaisir de repondre à ton cher fils ; dans lespoir que je pourrais lui annoncer d’un jour à l’autre le resultat des experiences que je me proposais de faire ; mais actuellement que son service de trois mois à Paris est fini 8 ; je ne sais ou lui adresser ma lettre ne sachant sil est encore par congé à Paris ou sil est à Versailles ◊ dans la crainte que ma lettre ne lui parvienne pas. Je te prie mon cher ami de lui temoigner mes regrest à cet égard et de vouloir bien lui dire de ma part les choses les plus affectueuses et amicales, en même tems que tu voudras bien lui communiquer ; le retard des experiences du pyreolophore par un incident que je ne pouvais pas prevoir ◊ cest que la mecanisme qui sert à comprimer l’air, qui doit lancer le combustible sest trouvé si mal soudé, qu’il n’a produit aucun effet, cequi m’a beaucoup desapointé ; mais il faut convenir que les soudures par la disposition des parties, qui composent cet appareil, etaient bien difficiles et surtout avec le froid qu’il faisait alors, que je ne puis en vouloir à l’ouvrier, qui cependant avait reçu ainsi que moi fortes libations de plomb fondu, sur les doigts. Ce qui me fait de la peine cest qu’il y a bien de l’ouvrage pour réparer cet appareil, je serai obli- 1. Cette indication des effets similaires de la lumière et de la chaleur est à nouveau en faveur d’expériences avec le bitume de Judée qui réagit effectivement de la même façon à ces deux agents. 2. L’idée tout à fait judicieuse de Nicéphore est d’utiliser la chaleur pour accélérer les phénomènes. Sous la plume de Claude on comprend que la carbonisation du composé serait un gage de stabilité. 3. Marie-François-Emmanuel de Crussol (1756-1843) ; il était le fils de François-Emmanuel (1728-1802), dont la sœur, Emilie, avait épousé Louis-Marie-Bretagne-Dominique de Rohan-Chabot. Claude et Nicéphore ne connaissaient probablement pas personnellement le duc d’Uzès, mais fidèles au souvenir de sa tante et de l’ancien seigneur de Saint-Loup, suivaient avec curiosité et bienveillance l’évolution de ses affaires en Chalonnais. 4. En surcharge, quasiment illisible. 5. Eu égard à leur caractère strictement privé, ces propos n’en dénoncent que mieux l’énormité de l’accusa- tion portée par Paul Jay contre les Niépce (v. 81n). 6. La propriété du Gras. 7. En direction du nord donc, Lux n’étant distant de Saint-Loup-de-Varennes que de 4 km. 8. En fait il se trouvait toujours à Paris, son service étant de quatre mois (v. 347). 346 1815 1824 1 8

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