Niépce correspondance et papiers
640 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS 30 1 . Elles m’ont causé l’une et l’autre, la plus vive satisfaction ; car mon plus grand bonheur est de savoir que vous êtes tous en bonne santé, et que l’espace qui nous sépare, ne fait pour ainsi dire, que resserrer davantage, les liens du tendre et sincère attachement qui nous unit ! Je te fécilite de tout mon cœur, mon cher ami, des nouvelles et ingénieuses combinai- sons que tu viens d’ajouter à tes premières ; je te sais bien bon gré de la discrétion que tu mets à l’explication 2 de tes nouveaux procédés ; j’aime bien mieux en apprendre l’heureux résultat, que de compromettre ta découverte, malgré tout l’intérêt que j’y prends. Je ne puis t’exprimer, mon cher ami, combien je suis reconnaissant de tout ce que tu veux bien me dire de tendre et d’obligeant à l’égard des recherches que tu te proposes de faire, relativement à l’idée que m’a fait naître ta précédente lettre 3 . Je sens toute la difficulté d’en tirer parti, et je serais faché qu’elles te détournassent de la route que tu t’as tracée, et qui je l’espère, te mènera au but. Il faut convenir que les expériences sont par elles-mêmes, faites pour dedom- mager amplement du travail, et des soins // des soins qu’elles exigent, j’ai lu, comme tu peux le croire mon cher ami, avec la plus vive satisfaction, la description des effets que tu as observés si judicieusement 4 ; ils sont aussi étonnants qu’admirables, et inconnus jusqu’à présent ; car je ne crois pas qu’aucun physicien, même parmi ceux qui ont fait des recherches sur la lumière, tels que Newton et d’autres modernes célebres aient jamais obser- vé de tels effets ! Ce qui prouve combien l’étude de la nature est variée, et quelle satisfaction l’on éprouve, lorsqu’on parvient à soulever le voile qui couvre ses admirables opérations ! Je te remercie infiniment mon cher ami, ainsi que ma chère sœur 5 , des encourage- mens flatteurs que vous voulez bien donner à mes tardifs travaux : je les reçois avec la plus vive reconnaissance ; je suis heureusement parvenu à disposer le nouvel appareil, malgré tous les defauts, à la demonstration 6 que je désirais obtenir ; le principe répond à la théo- rie que j’en avais conçu, et est confirmé par l’expérience ; il se compose de deux puissances en rapport géométrique 7 ; l’une, qui a 2 pour raison ou rapport, et l’autre qui est combi- née avec la première, peut avoir 2, 4 ou 6 ; en sorte qu’en multipliant ces rapports l’un par l’autre, on peut obtenir une force extrème, avec un très-petit effort. J’ai comme tu le vois mon cher ami, tout lieu d’espérer d’arriver à la solution du problème ; je ne m’expliquerai pas davantage sur le principe qui sert de base au nouveau moteur mécanique que j’emploie, dans la crainte, comme tu l’observes fort bien, qu’il ne tombe en d’autres mains que dans les tiennes. Je me suis occupé depuis ma dernière lettre, à reconnaître par des expériences variées, l’effet qu’on peut obtenir avec cet appareil, et j’ai cherché les moyens d’exécution les plus simples et les moins dispendieux ; j’ai à peu près arrêté le plan [de celui] 8 que je me propose de faire, pour la démonstration et la solution du problème ; je crois qu’il serait difficile de tirer bon 9 parti de celui qui me sert actuellement ; il n’a pas le degré d’exacti- 1. Lettres inconnues. 2. Et non exposition. 3. Documents (la lettre de Claude, écrite probablement vers le 15 juin, et celle de Nicéphore, du 5 environ) inconnus. 4. Encore une fois, nous ne pouvons que déplorer l’importance des lacunes que présente aujourd’hui la cor- respondance des frères Niépce. 5. Annotation en marge : « C’est sa belle sœur, épouse de mon père ». 6. Du mouvement perpétuel. 7. En toute rigueur, rapport géométrique signifie que l’une est un multiple de l’autre. Claude explique ici que l’effet de l’une multiplie celui de l’autre par 2. 8. En aucun cas des essais , comme ont le trouve dans la transcription russe. 9. Et non son. 1815 1824 1 8 De la seconde Restauration jusqu’à la naissance de la photographie
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