Niépce correspondance et papiers
666 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS parcequelle ne parvint qu’après le départ du dernier courier. J’ai été bien sensible au nou- veau témoignage de ta tendre amitié ainsi que de ta confiance en mon propre discer- nem ( ent ) relativement à l’objet interessant qui fixe dans ce moment ci mes chers amis votre attention, celui de l’établissement de votre cher fils ; il m’est bien difficile de juger bien sainement de l’etat de la question, à une aussi grande distance des objets et qui ne sont pas non plus assez proches de vous, pour que vous puissiez non plus que moi décider clai- rement si le parti qu’on vous propose est réellement aussi sortable*, que vous pourriez mes chers amis le desirer, ainsi que moi. Le caractere et les qualites personneles de la jeune per- sonne seraient surtout bien essentielles à connaître, car si il existait entre elle et votre cher fils une grande inclination, daprès ceque l’on vous en dit, je pense que cet établissement serait très sortable ; mais autrement je crois mes chers amis et vous serez surement de mon avis que votre cher fils, est dans la position, sous touts les rapports de trouver les mêmes avantages, et de plus grands encore ; il serait peutêtre prudent de ne rien terminer avant que votre cher fils n’ait connu par lui même cequ’il en est ; car autrement ce serait un mariage par procuration ; et cette affaire la est trop essentielle pour la conclure sans avoir été dans le cas de juger d’après soi. A l’egard du retard 1 que M me [Bon] 2 demande, je crois quil s’accorderait assez bien avec la position de nos finances car je compte bien partager avec vous mes chers amis les depanses de noces, de mon cher neveu ; qui je lespere // seront amélliorées avant la fin de l’année ; et si je suis assez heureux pour obtenir la récom- pense promise 3 comme grâces à Dieu jai tout lieu de l’esperer ; la moitié de 25.000 ster- ling* 4 lui referaient bien la jambe ; quoiqu’il lait dejà fort belle 5 . Ainsi puisque vous vou- lez mes chers amis me demander mon avis ; je crois que le plus prudent est de ne rien hâter et de retenir dans vos conditions (sil en est encore temps) que vous desireriez que votre cher fils eut l’honneur de se presenter avant la conclusion definitive 6 . Il parait que la chere cousine est revenuë en elle même et quelle a cherché à se disculper, de sa maniere d’agir à votre egard, et que le fils a été chargé de la mission ; elle connait la delicatesse de vos senti[ments] et ne craint point une rupture ; au reste ainsi va le monde aujourdhui très intime et demain, on ne se reconnait plus. Je suis content de les savoir tous en bonne santé et je suis sensible à leur souvenir et je te prie mon cher ami de me rappeller au leur 7 sou- venir ; et de faire mon compliment à ton cher fils sur son excellente chasse ; et je suis char- mé d’apprendre que ses chiens soient dans le cas de bien chasser le renard ; cecist ( une ) pr[e]uve ( de ) leur talent. Je vois avec bien du plaisir mon cher ami que tes recherches ont été satisfaisantes, leur resultat, vraisemblablement te mettra definitivement sur la voïe que tant de difficultés, semblent obstruer, je le desire de tout mon cœur ; c’est une récompen- se duë à tes longs et penibles travaux ; et que tu as été obligé de suspendre aussi souvent 1815 1824 1 8 De la seconde Restauration jusqu’à la naissance de la photographie 1. Comprendre délai . 2. Ou Bor . Nous ignorons s’il s’agissait de la mère de la jeune fille qu’on se proposait de marier à Isidore, ou d’une quelconque entremetteuse. 3. Par le gouvernement anglais (v. 341). 4. Soit 630.000 francs. Nous ignorons si l’information de Claude était fondée. Rappelons qu’en 1819, il parlait de 25.000 louis (ibid.). 5. Jeu de mot tiré de l’expression : rendre la jambe* bien faite.Cette information nous conforte dans l’idée que Claude avait décidé de faire hériter son « cher neveu » d’une part non négligeable de sa fortune propre. Jamais il ne devait formuler par écrit ses dispositions ; pourtant en 1828 Nicéphore cherchera, dans la faible mesure de ses moyens, à s’y conformer (v. 477n). 6. Comme ceux de 1817 (v. 286) et de 1818 (v. 328), ce troisième projet de mariage resta sans suite. 7. Nous ignorons qui sont les cousins évoqués ici. L’affaire en question ne nous est pas davantage connue.
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