Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 667 contre ton gré ; il est vrai quil est souvent utile d’avoir un peu de relache ; et en reflechis- sant dans cet interval, les idées seclaircissent souvent, et l’on se rappelle quelquefois d’ef- fets essentiels qui alors n’avaient point été assez remarqué ; j’ai été souvent dans le cas de l’observer. Je te suis infiniment obligé mon cher ami de toutes les choses trop flatteuses sans doute que tu veux bien me dire à l’égard de mes faibles travaux ; c’est surement le // plus puissant encouragement pour moi [...] 1 l’espoir de changer notre position, et comme tu le dis de mettre fin au roisonnemens crochus des méchants et des envieux 2 . J’espère qu’ils auront un pié de nez et que nous pourrons leur adresser le dictum italien ridera bene chi ridera l’ultimo 3 . Tout ceque je crains c’est que dautres ne me precedent dans la carrie- re ; car ce serait bien piquant ◊ j’ai été un moment dans cette crainte il y a environ trois semaines lorsque je vis dans un journal en titre Mouvement perpétuel. Heureusement l’article etait court, cela me rassura un peu ; et je fus entièrement tran- quille après l’avoir lu ; c’est une chose assez étonnante et ingénieuse, cette machine est très simple et doit son mouvement au fluide magnetique ainsi que laiguille aimentée de la bous- sole. Il parait daprès la definition que jen ai lue ; quelle consiste en une roue dun pouce de diametre placée horisontalement et tournant sur un pivot ; au travers du champ de cette rouë passe une aiguille aimentée ; dune maniere inclinée à l’horison et dont la partie supé- rieure de laiguille est le pôle nord et l’inferieure le pôle sud, et cest le fluide magnetique qui en agissant sur ces poles, qui produit le mouvement de rotation 4 . Tu vois par là mon cher ami cle peu de force de ce mouvement ◊ aussi un choc imprevu suffit-il pour l’arreter dans une des [séances] et une autre fois la grande chaleur de l’appartement l’arreta aussi mais dit on il se reprit de lui même quelque tems après ; Dieu veuille que ce soit la le seul antagoniste que jaye à rencontrer, et les vingt cinq mille livres sont à nous ! Mais pour les obtenir il faut encore un nouveau subside et j’es- pere mon cher ami que tu voudras bien me l’adresser le plutot que tu le pourras afin que je puisse suivre le travail sans relâche, je vais être obligé de faire fondre des pièces en cuivre et j’attendrai l’envoi avec bien de l’empressement ; nayant pas assez pour faire cette depen- se au paravant, et il est bien essentiel que cet appareil puisse répondre par son execution à l’idée quil fera concevoir je l’espere de son utilité et ( afin ) que nous nayons l’air d’être de pauvres diables, à deux doigts de leur ruine ainsi qu’on se plait à le faire croire. Ainsi si tu as mon cher ami une centaine de louis 5 de disponibles ils arriveront bien à propos 6 , car 1. Mot surchargé + mot ajouté en interligne. Peut-être ainsi que . 2. Périodiquement évoqués ceux-ci nous sont malheureusement inconnus. 3. Rira bien etc. 4. Pour être « étonnante et ingénieuse », cette machine n’en était pas moins fondée sur une idée de mouve- ment perpétuel vieille de plus de cinq siècles. Bertrand Gille (v. 339n) divise en cinq grandes familles les dis- positifs qui ont été imaginés. Chronologiquement il classe la famille des dispositifs magnétiques en troi- sième position (après celle des roues à poids oscillants, puis celle des roues à poids coulissants). « Elle eut la vie longue et, hors de notre période [du Moyen-Age au milieu du XVII e siècle], conduisit à d’autres solutions originales. L’utilisation de la “force magnétique” nous est révélée par Pierre de Maricourt, dans sa célèbre Lettre sur l’aimant (du 8 août 1269) [...].“Dans ce chapitre enfin, je te révélerai le plan de construction d’une roue qui tourne perpétuellement grâce à un dispositif merveilleux [...] ».Et Bertrand Gille d’ajouter : « En fait, la machine ne marcherait que grâce à l’apport d’une énergie relativement permanente,venue de l’extérieur [...]. Dans la mesure où l’aimantation n’est pas éternelle, le mouvement ne pourra pas être perpétuel » (L.R. n° 114 ; sept. 1980). 5. Soit une somme se montant à 2.355 F. 6. Au début du mois suivant, le 5 mars, Maître Granjon contractera pour Nicéphore un nouvel emprunt de huit mille francs auprès de M. Farges, son créancier depuis l’année précédente (v. 563). 365 1815 1824 1 8

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