Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 669 te, et je tavouë mon cher ami que je fais tous mes efforts pour l’obtenir de mon côté ainsi que du tien, et pour realiser lobligeante et trop flatteuse prophecie du general Poncet ; il doit être ou surement, il sera egalement entousiasmé de la beauté de ta decouverte ; dont les nouveaux succès m’ont causé la plus vive satisfaction ◊ j’ai lu et relu avec admiration les interessants details que, tu as la bonté de me transmettre ◊ je croyais te voir ainsi que ma chere sœur et mon cher neveu attentifs et suivant des yeux le travail admirable de la lumiere, et je croyais voir moi même un point de vüe que j’ai eu grand plaisir a me rappe- ler ◊ combien je désire mon cher ami qu’une experience aussi belle et aussi interessante pour toi et pour la science ait pû avoir un resultat complet et definitif ! 1 jen attends avec bien de l’empressement l’heureuse // nouvelle et je l’appelle de tous mes vœux ◊ combien je re[gretter]ais 2 que la corvée dont tu etais menacé mon cher ami, nait pû être renvoyée ◊ il faut convenir que ce serait un contretemps bien facheux surtout dans ce moment ci ◊ je desire de tout mon cœur que M. Dubergier ait exhausé ta demande. Je partage bien since- rement tous les desagremens que tu eprouves relativement, au retard queprouve mon entreprise mais elle est dun genre si defferent de la plus part des autres, que les soit disant officieux* qui affectent un si grand interet à la voir s’accomplir / 3 en etaient eux mêmes chargés, parleraient sans doute bien différemment. Ils ne savent pas, quelles sont les diffi- cultés qu’il y a à surmonter, ou ils ignor[ent] que j’ai fait deux machines pour notre pre- mier moteur 4 ; une nouvel[le] machine hidraulique qui aurait été surtout fort utile sur les bords de la Tamise, et des rivieres ou la marée se fait sentir, parcequetant une machine à chûte et fort simple, elle offrait de grands avantages. Pour, le procedé dont je moccupe et qui sans contredit lemporte sur les deux pre- miers ; j’en fait deux appareils tout à fait différents ; l’un et c’est le premier que j’avais com- mencé devait avoir un mouvement circulaire ainsi que j’ai eu dans le temps mon cher ami le plaisir de te le mander 5 ; et ainsi que tu l’observes fort judicieusement un appareil de ce genre peutêtre très utile pour beaucoup d’applications pour les machines fixes et d’une grande dimension ; mais pour les autres applications ; celles ou l’on veut avoir une force presque incalculable et celles qui sont mobiles surtout comme les voitures les bateaux et 1. Témoignage indirect,ces quelques lignes constituent la seule source connue de renseignements sur les tra- vaux photographiques de Nicéphore en 1822.Contrairement à ce que prétendait Potonniée qui y voyait « la preuve formelle » du succès de Niépce (G.P. p. 105), on ignore si cette belle expérience eut le « résultat com- plet et définitif » attendu. S’il est évident que Nicéphore avait parlé à Claude d’une image de la nature faite à la chambre,nous verrons,en lisant l’inventeur lui-même,que jusqu’en 1824 ses résultats étaient loin d’être satisfaisants. On ne saurait donc voir dans cette lettre la preuve de l’invention de la photographie. Par contre c’est à juste raison que Potonniée s’étonnait de l’erreur de Fouque qui, « faute du distinguo cepen- dant peu subtil », et mal secondé par la « vieille mémoire » d’Isidore (S. 8), crut que Claude y faisait allusion à « une copie de gravure » (G.P. p. 104). Il est vrai qu’Isidore avait toujours affirmé qu’« en 1822 [date qui n’a jamais été vérifiée] Mr. Niépce obtenait déjà [...] sur verre des copies fidèles de gravures, à l’aide d’un vernis bitumineux : un portrait du pape Pie VII, exécuté sur verre, frappa d’étonnement toutes les personnes qui eurent l’occasion de le voir » (I.N.p.17).Plus tard,en réponse à l’insistante curiosité de Fouque,il avait réitéré cette assertion et précisé que ce portrait « dont il [son père] fit cadeau au général baron Poncet du Maupas son parent [...], éxcita l’étonnement et la surprise dans les magasins de M.M. Alphonse Giroux, rue du Coq S t . Honoré, qui furent chargés de renfermer ce portrait dans un cadre à deux verres » (S. 8). Grâce à Fouque, on dispose en outre de quelques détails sur la disparition de cette image (V.F. pp. 108-109). 2. Tache. Nous empruntons ce mot à la transcription de P.G. Harmant. 3. Manque : , s’ils. 4. Le pyréolophore. Les plans annexés au brevet anglais montrent distinctement les « deux machines » qui le constituaient. On l’a vu, le pyréolophore avait été laissé de côté en 1820 (v. 348). 5. Ceci dès la fin de 1819 (v. 339). 366 1815 1824 1 8

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