Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 671 367 Lettre (A.S.R.) 1 Saint-Loup-de-Varennes, 10 septembre 1822. Nicéphore et Isidore à Claude. Au Gras, le 10. 7 bre . 1822. .Mon cher ami, Nous avons reçu plus tard que de coutume, ta chère lettre du 30 août dernier 2 . Elle n’a que trop justifié le fâcheux pressentiment que nous avait fait naître ton silence ; quoique nous pussions aussi l’attribuer à une autre cause ; c’est-à-dire à ta visite présumée à M r . de Châteaubriant 3 ; mais nous présumions avec quelquelque raison, qu’il pouvait en être du pays que tu habites, comme du nôtre où l’excès et la prolongation des chaleurs ont rendu ces sortes de maladies très-fréquentes. Heureusement qu’elles n’ont point été dan- gereuses, et même on prétend que les personnes qui n’ont point eu recours aux drogues de la pharmacie, ont été plus tôt guéries que les autres. Nous avons donc appris avec la plus grande peine, mon cher ami, que tu n’as pas été plus ménagé que moi ; car si ta fièvre a été moins forte que la mienne, elle a été accompagnée d’un mal de dents qui a dû te faire bien cruellement souffrir, surtout à raison du voisinage de l’œil et du cerveau. Ce qui nous tranquillise beaucoup, c’est de savoir que ta fièvre, grâce à Dieu, diminue sensiblement et que tu as l’espoir d’en être bientôt débarassé. Témoigne, je te prie, de notre part à tes braves et dignes hôtes, combien nous sommes touchés et reconnaissans des témoignages d’intérèt qu’ils t’ont prodigués dans cette circonstance ; ils nous ont obligés par là de la manière la plus sensible : ils ne nous auraient épargné qu’un juste surcroît d’inquiétude, qu’ils nous auraient déjà rendu un bien grand service. Tu as pris la fièvre près d’un mois plus tard que moi ; nous espérons, mon cher ami, qu’elle te quittera beaucoup plus tôt. [...] 4 Je crois que tu as très-bien fait de ne pas garder le lit ; car il affaiblit singulièrement en procurant une transpiration surabondante. Pour peu que la fièvre continue, et pourvu que tu sois bien évacué, tu ne peux rien faire // de mieux que de prendre du vin de quinquina : il coupera ta fièvre net et te donnera de l’appétit en cas que tu l’aies perdu. Nous t’engageons, mon cher ami, à faire de l’exercice, à te dissiper beaucoup, et principalement à t’abstenir de toute contention d’esprit jusqu’à ceque tu sois parfaitement rétabli : c’est aussi le conseil que l’on m’a donné. J’espère comme toi, que cette petite épreuve sera pour nous tous un brevet de bonne santé, et pour longtems. Car si nous n’avons pas tous été malades, nous avons tous souffert par simpathie les uns pour les autres. Quant à moi, mon cher ami, 1. Publ. in U (doc. 16). 2. Inconnue. 3. François René,vicomte de Châteaubriand (1768-1848).L’auteur,remarqué par le Premier Consul,fut nommé secrétaire d’ambassade à Rome, puis chargé de représenter la France près de la république du Valais ; mais à la nouvelle de l’exécution du duc d’Enghien, il s’empressa de donner sa démission et ne cessa depuis de se monter hostile à l’Empire. En 1815, il accompagna Louis XVIII à Gand, et fut au retour nommé ministre d’état et pair de France ; mais ayant, dans « La monarchie selon la Charte », attaqué l’ordonnance du 5 sep- tembre 1816 qui dissolvait la Chambre introuvable, il fut disgracié. Il se jeta dès lors dans l’opposition ultra- royaliste et devint l’un des principaux rédacteurs du Conservateur. Le meurtre du duc de Berry le rapprocha de la cour. Nommé la même année ministre de France à Berlin, puis ambassadeur en Angleterre d’avril à septembre 1822, il fut l’un des plénipotentiaires au congrès de Vérone, et fit décider la guerre d’Espagne, malgré l’opposition de l’Angleterre. A son retour, il reçut le portefeuille des Affaires étrangères ; mais ne put s’accorder avec M. de Villèle, chef du cabinet, et fut écarté (5 juin 1824). Rentré dans l’opposition, il s’unit cette fois au parti libéral, et combattit à outrance le ministère Villèle (M.N.B.). 4. Mot rayé illisible. 367 1815 1824 1 8

RkJQdWJsaXNoZXIy NDY2MA==