Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 673 depuis ma dernière lettre j’ai encore eu quelque ressentiment de fièvre, cequi m’a détermi- né à faire usage du quinquina qui, Dieu merci, m’en a entièrement débarassé. Cependant, mes forces ne se rétablissent pas aussi vite que je le désirerais, et j’ai eu depuis peu un dérangement accompagné de coliques, qui ne m’ont quitté qu’hier. Au reste cette indispo- sition a été fort peu de chose, et j’espère même qu’elle me sera salutaire. Ton cher neveu a eu pendant 8 jours une fluxion qui l’a beaucoup fait souffrir. Elle a été occasionnée par la fixation d’une humeur sur la dent œillère* déjà cariée. Tous nos domestiques ont été malades ; ma femme seule, grâce à Dieu, malgré les soins assidus et pénibles qu’elle m’a prodigués, malgré les embarras et les soucis du ménage, a fait bonne contenance. Elle a pourtant éprouvé par suite de tout cela et surtout des grandes chaleurs, une forte ébulition qui lui a causé durant quelques jours une démangeaison des plus cuisantes ; mais cette épuration naturelle du sang sera pour elle, j’en suis très-persuadé, un préservatif contre toute autre espèce de maladie. En voilà bien long, mon cher ami, sur un sujet assez triste ; mais j’ai bon espoir que bientôt nous pourrons l’un et l’autre revenir à nos moutons, et nous entretenir de choses plus satisfaisantes. Adieu, mon cher ami ; donne-nous de tes nouvelles le plus tôt qu’il te sera possible : nous les attendons avec bien de l’impatience. Reçois en même tems de la part de ma femme et de la mienne l’assurance accoutumée de notre inviolable amitié, ainsi que nos embrassemens les plus affectueux. .P.S. Les journaux de mercredi annonçaient que M r . de Châteaubriant était // attendu le 7 du courant, à Paris où il devait passer quelques ( jours ) et delà se rendre au congrès de Vérone qui va suivre immédiatement celui de Vienne où il n’a été tenu que des conférences préparatoires 1 . Ce serait d’autant plus malheureux que tu n’aurais peut être pas été instruit à tems de cette nouvelle, ou que ta santé, mon cher ami, ne t’aurait pas permis de présen- ter toi-même à M r . de Châteaubriant la lettre de recommandation dont tu es porteur, et qui deviendrait peut être même désormais inutile : ce serait avoir bien du guignon./. Je profite avec emprèssement, mon cher oncle, de l’espace que mon papa veut bien me laisser, pour m’entretenir un moment avec vous, et vous témoigner la part que j’ai prise à votre indisposition. Vous avez dû souffrir beaucoup à en juger par ce que j’ai éprouvé moi- même ces jours passés ; ce qui nous console un peu, c’est de savoir [que] 2 la douleur s’est calmée, et que la fièvre commence [à se] 3 dissiper : nous espérons bien qu’à présent elle sera entière[ment] passée, et que vous serez parfaitement rétabli. Cependant vous ferez fort bien de faire usage du quinquina, pour prévenir tout accident. 1. Le Moniteur du 7 septembre (p. 1308) avait annoncé : « Intérieur. Paris, le 6 septembre. M. le vicomte de Châteaubriant, ambassadeur de France à Londres, est attendu le 7 à Paris, où il restera quelques jours avant d’aller à Vérone ». Le numéro du 13 (p. 1332) annoncera : « Intérieur. Paris, le jeudi 12 septembre. M. de Châteaubriant est arrivé ce matin à Paris à neuf heures ». On pourra lire dans le numéro du mardi 17 sep- tembre (p. 1349) : « Intérieur. Paris le 16 septembre. On a des nouvelles de M. le vicomte de Montmorency, ministre des Affaires étrangères, en date du 8 septembre. S. Exc. avait déjà vu l’empereur d’Autriche et tous les ministres étrangers réunis à Vienne. L’empereur Alexandre est arrivé le 7 à Vienne. Tout se passera en pourparlers à Vienne ; ce n’est qu’à Vérone que commenceront les délibérations [...] M. le vicomte de Châteaubriant doit partir le 20 ou le 24 pour se rendre directement à Vérone ». Le Moniteur du jeudi 26 sep- tembre annoncera en page de titre : « Autriche. Vienne le 13 septembre. Le vicomte de Châteaubriant rem- placera, dit-on, M. de Montmorency, et représentera la France au congrès de Vérone ». On lira enfin dans le même numéro (p. 1384) : « Intérieur. Paris le 25 septembre. M. de Châteaubriant part pour Vérone au com- mencement de la semaine prochaine ». 2. Déchirure. 3. Ibid. 367 1815 1824

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