Niépce correspondance et papiers

680 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS même tems pour obtenir plus tôt de toi, mon cher ami, des informations précises sur le véri- table motif qui a pu suspendre ou même arrêter l’envoi de la dite lettre de crédit ; car il nous importe beaucoup de le savoir promptement et de la maniere la plus positive ; parceque s’il arrivait, ceque je ne crois certainement pas, et cequi serait bien fâcheux pour nous, que les assurances qui t’ont été données fussent illusoires, je prendrais des mesures pour trouver à emprunter, afin de rembourser M.M. Coste. Mais je t’avoue que je tenterais cette dernière mesure avec d’autant plus de répugnance, qu’il ne faut pas nous dissimuler l’atteinte portée à notre crédit, si l’événement venait à réaliser nos tristes apréhensions ; j’irai sans faute demain à Châlon pour voir ces Messieurs et leur proposer un renouvellement de 3 mois, si c’est possible : j’espère qu’ils ne s’y refuseront pas. Ça nous donnera de la marge, et d’ici là, mon cher ami, tu seras sans doute arrivé au terme de tes travaux. Tout autre considération à part, cette époque est la chose qui nous intéresse le plus ; aussi faisons-nous les vœux les plus ardens pour qu’elle justifie pleinement et bientôt toutes tes espérances. Nous crain- drions en effet, que si la présentation de ta machine, était encore ajournée pendant un cer- tain tems, ce retard ne jettat quelque // défaveur sur tes travaux, et peut-être même n’in- disposât les personnages qui t’ont donné jusqu’ici tant de témoignages d’intérêt et de bien- veillance. Je te fais cet aveu avec peine, mais pourtant avec confiance ; persuadé, mon cher ami, que tu n’y verras que l’expression de nos tendres sentimens pour toi ; car nous ne ces- sons de te rendre toute la justice que tu mérites, et nous ne manquons jamais de fermer la bouche à ceux qui paraissent interpréter d’une maniere peu favorable, les lenteurs que tu éprouves. Quoique nous sentions et partagions bien vivement, tout ceque la circonstance actuelle a de desagréable pour toi comme pour nous, nous ne pouvons croire que tu te sois fait illusion sur l’envoi de la lettre de crédit 1 . Il est naturel de présumer que puisqu’on l’avait offerte d’une maniere aussi obligeante, on était dans l’intention de la donner. Il eût été dans le fait, bien plus simple de la refuser, et d’après cequi est arrivé, nous l’aurions préféré ; car après nous être mis en avant comme nous devions le faire, nous nous sommes trouvés com- promis jusqu’à un certain point dans l’opinion publique ; cequi nous a causé et nous cause encore la plus grande peine. Mais il n’y aura à dire vrai, qu’un demi-mal, si l’envoi en ques- tion n’est que retardé. Avec quel empressement, mon cher ami, nous en attendons l’assu- rance positive de ta part, et avec quel plaisir nous l’apprendrons ! Je pense qu’il y a eu quelque mal-entendu non pas de ton côté, mais du côté des personnes qui ont bien voulu te servir d’intermédiaire ; et que tu n’auras rien eu de plus pressé que de t’en // rendre raison en remontant toi-même à la source de l’erreur. Il aurait été à souhaiter que tu eusses pu prendre préalablement quelques informations là-dessus, après la réception de mon avant- derniere lettre ; nous serions peut-être plus tranquilles maintenant ; mais tu croyais devoir attendre l’époque de l’échéance, parceque tu te reposais avec confiance sur la réalisation de la promesse qui t’avait été faite ; et que nous voyons nous mêmes dans cette conduite de ta part, mon cher ami, quelque raison de nous rassurer sur les suites du contretems que nous venons d’essuyer. .Je suis trop préoccupé, trop pressé dans ce moment, pour m’entretenir de tou[t autre] 2 objet. J’aurai le plaisir de m’en dédommager dans ma réponse à ta prochaine lettre qui dissipera entierement, je l’espère, toutes nos inquiétudes. En attendant, prenons bon courage, et reçois, mon cher ami, les choses les plus affectueuses de la part de ma femme 1815 1824 1 8 De la seconde Restauration jusqu’à la naissance de la photographie 1. Et pourtant ! le 11 mars, Claude avait annoncé qu’elle était « déjà partie » (v. 372). 2. Déchirure.

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