Niépce correspondance et papiers
686 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS pas entièrement découverte ; je n’ai obtenu qu’une portion de l’image bien gravée 1 . Malgré cela, cette expérience m’a fait grand plaisir, par ceque j’ai été par là, mon cher ami, à por- tée de juger que les touches les plus fortes comme les plus délicates peuvent être également bien rendues par mon procédé. Je vois de même avec satisfaction qu’il ne me manque guère autre chose maintenant que l’usage de la [manipulation] tant pour mon procédé que pour ceux de la lithographie 2 . Je vais recommencer cette même épreuve aussitôt que ma pierre aura été repolie. En attendant, j’ai vernissé une autre gravure beaucoup plus grande, et qui est aussi fort jolie, quoiqu’elle ne soit pas à l’aqua tinta. Je compte m’en occuper dès que j’aurai lithographié la première aussi bien que je le désire et que j’ai lieu de l’espérer. Si j’y parviens, mon cher ami, je m’empresserai de t’en faire passer une épreuve dans ma pro- chaine lettre 3 . J’ai fait aussi deux essais de mon autre procédé à l’aide de mon petit appa- reil de quatre pouces 4 . Quoique le résultat de ces deux essais n’ait été que partiel, tu 1815 1824 1 8 De la seconde Restauration jusqu’à la naissance de la photographie 1. Par ces quelques lignes, Niépce nous décrit une méthode originale de reproduction par contact des dessins sur papier. C’est ce que nous appelons maintenant le tirage-contact en photographie. Le vernissage a pour but de rendre le papier translucide afin que la lumière vienne le traverser aux endroits qui ne portent pas les traits noirs du dessin. C’est la première fois que Niépce indique qu’il cherche à obtenir des images gravées dans le support à partir de l’image au bitume. Il s’inspire en fait des principes de la gravure à l’eau-forte. On comprend donc qu’il n’a pas attendu assez longtemps pour que l’image apparaisse complètement dans le dissolvant. De ce fait, il reste encore par endroits du bitume qui, ayant été préservé de la lumière sous les traits noirs du dessin,aurait dû être dissous.Dans ces zones-là,l’acide ne peut donc pas venir en contact avec la pierre pour la graver. Mais une portion de l’image a été correctement dissoute et la gravure a été opérée avec succès. Nous assistons donc aux tout premiers travaux de l’invention de la photogravure. 2. Voir note 6 p. 685. 3. Nicéphore n’a bien évidemment pas l’intention d’envoyer une pierre lithographique à Claude. Ce qu’il compte joindre à une prochaine lettre, en cas de succès, c’est apparemment « une petite épreuve » sur rognure de pierre (v. 374). 4. Cet autre procédé est celui de la copie des images projetées par une lentille au fond des chambres obs- Académie des sciences de Russie.
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