Niépce correspondance et papiers
688 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS cœur, que le reste de ton affaire fût à l’avenant comme ce côté-là ; c’est-à-dire qu’il pût dépendre entièrement de toi ; car alors nous en verrions bientôt l’heureuse issue, et nous n’éprouverions pas comme toi, mon cher ami, le sentiment pénible que te fait éprouver la trop longue absence de tes augustes protecteurs. Tu as sans doute des raisons particulières pour ne pas partager nos vives inquiétudes à cet égard, et c’est aussi cequi nous rassure le plus. Mais dis-moi, je te prie, si les personnages en question, sont connus à Londres, et si tu sais qu’ils y jouissent de la considération attachée au rang élevé qu’ils occupent de même qu’au rôle qu’ils doivent jouer dans la société. Des personnes aussi distinguées ne peuvent manquer d’être connues, puisque l’une d’elles surtout est admise à la cour 1 . Il ne te serait pas difficile sans doute, d’obtenir là-dessus, mon cher ami, des // renseignements positifs, et ils seraient à coup sûr, pour toi comme pour nous, un grand motif de sécurité. Il paraît que tu as des rapports avec la personne qui t’avait fait espérer leur arrivée : tu es plus en état que tout autre de juger si elle mérite une entière confiance de ta part. Tu as bien cer- tainement, mon cher ami, de fortes présomptions en ta faveur, puisque tu as eu l’honneur d’être admis dans la société de ces hautes personnages, et que tu as pu apprétier la délica- tesse de leur sentimens ; mais cequi nous étonne, c’est leur silence après tant de témoi- gnages du plus vif comme du plus tendre intérêt de leur part. Comment pourrais-tu t’as- surer de la vérité des brillantes promesses qui t’ont été faites, s’il arrivait que leur absence se prolongeât au delà du terme que tu supposes ? Aurais-tu, mon cher ami, d’autre garan- tie à cet égard, que les assurances qu’ils t’ont données ? Dieu veuille que ta prochaine lettre nous annonce leur heureux retour ou nous procure au moins de leurs nouvelles ! Ce serait bien à désirer de toute manière, et selon moi, en cequ’il te serait possible alors, d’obtenir les fonds nécessaires pour le remboursement de M.M. Coste à l’échéance de la fin de juillet courant, si ton nouvel appareil, comme tu parais le craindre, ne peut être entièrement ter- miné à cette époque ; car je ne puis m’empêcher de te l’avouer quoique avec bien de la peine, mon cher ami, ne pouvant offrir à ces messieurs, le remboursement de leurs capi- taux après tant de promesses de ma part, il me répugnerait singulierement, de leur propo- ser encore de renouveller nos effets. Nos dettes s’accumulent d’ailleurs de plus en plus, et il est de notre intérêt le plus pressant d’y mettre promptement un terme. C’est cequi m’au- rait fait désirer bien d’avantage que tu eusses pu, sans compromettre ta délicatesse, accep- ter l’offre généreuse des mille livres sterling. Malgré tout ceque j’ai pu dire, comme on ne voit toujours rien arriver[, on] regarde de même tout le reste, et je crains de passer pour un imposteur : aussi ne vais-je à la [ville] 2 que pour affaire pressante, et pour ainsi dire à mon corps défendant. Tâche donc, mon cher ami, a[utant] qu’il peut dépendre de toi, de nous tirer au plus tôt, d’une position aussi contraire à nos intérêts qu’à la juste considération dont nous avons joui jusqu’ici ; tu m’obligerais personnellement de la maniere la plus sen- sible, en m’évitant une corvée aussi pénible ; et je ne m’y soumettrais qu’avec une extreme répugnance à la dernière extrémité, si tes travaux n’étaient pas terminés, ou si tes augustes protecteurs n’arrivaient malheureusement pas avant la fin du courant./. Je me suis rendu le 16 juin, à la commission nommée pour examiner le bateau à 1815 1824 1 8 De la seconde Restauration jusqu’à la naissance de la photographie du mouvement perpétuel), nous ne savons malheureusement rien. Toujours est-il qu’à trente jours de la nouvelle échéance fixée par les Coste (v. 374), Claude était engagé dans une nouvelle voie. 1. Deux mois plus tard, Isidore cherchera, en plaisantant, à savoir si le duc de Brunswick n’était pas l’une d’elles (v. 376). Quelle était dans tout ceci la part « d’illusion » tant redoutée par Nicéphore (v. 352) ? Nous ne pou- vons le dire. 2. Déchirure.
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