Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 689 vapeur. Le fourneau était allumé, et // il faisait une chaleur étouffante. Je me suis tenu sur la galerie, en face d’une porte grillée, pour ne pas être grillé comme les autres commissaires qui resserés entre l’appareil moteur et le foyer, recevaient un tour de broche en p[assant] à la file. On aurait dit que ( le ) malin Ram[us] 1 avait fait pousser le feu tout exprès pour se debarasser de ces importuns examinateurs. Du reste, comme il avait plus de graisse à fondre qu’eux tous, il pouvait se moquer des suites de l’épreuve, et surfondre au besoin toute cette brochée de commissaires à la vapeur. Nous avons fait quelques évolutions ; nous sommes descendus dans 16 minutes jusqu’au Port-Guillot ; nous avons viré de bord deux fois avec beaucoup de facilité ; nous avons fait usage du cabestan pour remorquer le bateau, en employant à cet effet la force motrice, et suspendant l’action des rames dont le mouvement en sens contraire est destiné à tenir l’embarcation en panne au milieu d’un courant rapide. Enfin nous avons remonté la Saône à une vitesse supérieure à celle de la dili- gence. Il est vrai que le bateau n’était pas chargé, et que pour donner une idée avantageu- se de sa marche, on n’avait pas, je pense, épargné le combustible./. Les rames que j’ai faites pour ton cher neveu, // [E.m. p. 1] mon cher ami, et qui ont fort bien réussi, ne sont pas celles dont j’ai eu le plaisir de te parler. Le mécanisme en sera bien différent, et j’ai lieu de croire qu’elles pro- duiront encore beaucoup plus d’effet. Elles pourront être soumises indifféremment à un mouvement de rotation ou de va-et-vient. Je pense comme toi, que cette sorte de rame aurait une supériorité incontestable sur les roues à aubes dont l’effet ne semble consister principalement, à raison de leur position, à produire un remou contre le fond du bateau, en // [E.m. p. 2] refoulant les lames d’eau contre ce fond ; ce qui empêche que les aubes ne trouvent un point d’appui, pour opérer le mouvement progressif du bateau. J’espère pou- voir m’occuper de la constuction de ces nouvelles rames aux quelles, comme tu le dis, mon cher ami, ton nouvel appareil pourrait être utilement appliqué. Je serais charmé qu’elles méritassent les honneurs d’une pareille application. Mais il // [E.m. p. 3] est temps de finir cette longue lettre. Reçois donc, je te prie, mon cher ami, de la part de ma femme comme de la mienne, nos embrassemens les plus tendres et les plus affectueux. Ton cher neveu, qui s’unit à nous, t’offre de plus l’hommage de ses respectueux sentimens. Reçois aussi les complimens et civilités accoutumés, et mille tendres caresses de la bande joyeuse. Antoine, qui vient de nous écrire de l’armée d’Espagne 2 , nous prie de te faire agréer son respectueux hommage./. .Angleterre. Monsieur, Monsieur Niépce aîné, chez Monsieur Piper-Barges-Builder 1. Probablement l’un des anciens associés du marquis de Jouffroy (v. 329n). Nous pensons qu’il sagissait du « très riche » propriétaire chalonnais Michel Ramus, né à Lyon en 1758, marié, père de cinq enfants, qui rési- dait quai des Messageries (A.M.C. 3H1/2). 2. Antoine Mignon y servait comme sous-lieutenant dans le 7 e régiment d’infanterie de ligne, compagnie de Noailles (S.H.A.T.). 375 1815 1824 1 8

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