Niépce correspondance et papiers

692 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS tu sais ce dont je veux parler 1 ... Le colonel 2 semble ignorer entièrement d’ou peut prove- nir l’intérêt qu’on veut bien lui 3 accorder. Il a eu cependant en Allemagne des relations assez fréquentes avec quelques personnes du même rang ; et il nous a dit qu’il tâcherait de se rapeller celle de ces mêmes personnes qui à cet égard-là pourrait donner plus de pro- babilité à nos conjectures. Il paraît que les relations dont il s’agit n’auraient eu lieu qu’avant son mariage. Sa femme 4 n’a rien pu nous dire là-dessus, mais elle nous a propo- sé de faire, si ça pouvait te convenir, mon cher ami, et sans compromettre en aucune maniere ta discrétion, des recherches dont le résultat ne seraient pas douteux. Son père 5 était colonel d’un regiment dont le prince de Linange avait la propriété ; cequi a dû le // mettre en rapport avec des personnages marquans. Elle a un oncle lieutenant-général, qui a été ambassadeur d’Autriche à la cour d’Angleterre. Cet oncle a épousé la fille d’un ami- ral anglais ; de sorte qu’il serait plus à portée que personne de se procurer tous les ren- seignemens désirables sur cet objet. Mais nous attendrons ta réponse, mon cher ami, pour faire là-dessus cequi pourra te convenir. D’après ceque tu nous mandes, et les dix jours de retard qui se seront écoulés entre la réception de ta lettre et ma réponse ; nous avons lieu d’espérer que lorsque celleci te parviendra, ton expérience sera faite. Si malgré cela notre attente était trompée, mais qu’il ne te fallut que trois ou quatre jours pour te rendre raison du jeu de ton appareil, et t’assurer par là, de la vérité du principe sur lequel tu t’es fondé ; nous te prions, mon cher ami, de vouloir bien dans ce cas, différer de nous répondre, pour que connaissant l’heureux succès de ton expérience, je puisse en informer M.M. Coste avant la fin du mois, époque de l’échéance de nos effets ; car je ne crois pas que nous puissions nous passer de leur demander encore une prolongation 6 ; et cette excellente nouvelle ne contribuerait pas peu à les déterminer à nous l’accorder. J’attendrai donc ta réponse, mon cher ami, pour me régler en conséquence. Combien je désire, com- bien nous désirons tous qu’elle soit favorable ! Combien surtout, je suis touché et recon- naissant deceque tu veux bien me dire d’obligeant et d’affectueux relativement à la parti- cipation que je puis avoir eue à l’idée première du nouveau principe dont tu t’occupes ! Je serais à coup sûr très-flatté d’avoir coopéré de la maniere la plus indirecte à une aussi belle découverte que la tienne ; mais ce motif n’ajouterait certainement rien à l’intérêt que nous prenons à ta réussite, sous le rapport des brillans avantages qui doivent, mon cher ami, en résulter pour toi, et dont quelques uns sont plus particulierement liés à ton bon- 1815 1824 1 8 De la seconde Restauration jusqu’à la naissance de la photographie 1. La suite laisse croire que « ce dont » Nicéphore voulait parler, était un personnage marquant, d’un rang élevé, anglais apparemment, supposé se renseigner sur les « augustes protecteurs » de Claude. 2. David Niepce. 3. Le colonel, apparemment ; néanmoins un léger doute subsiste à cet égard. Si « lui » désignait « ce dont » Nicéphore voulait parler, il faudrait en conclure que Claude avait fini par lui révéler le nom d’un de ses « augustes protecteurs ». Comme Nicéphore, on le voit, toute la famille, inquiète, n’avait de cesse de savoir à quoi s’en tenir sur la question. Le jour même (9 novembre 1823), le général Poncet écrivait à Gillet de Laumont : « l’affaire des Niépce n’est toujours pas terminée. Je crains qu’ils ne soyent la dupe de quelques intrigants » (SOTH. p. 48). 4. Barbe de Zandt. Elle était âgée de 35 ans. Le colonel l’avait épousée en 1807 à Augsbourg (en Bavière), un mois après le traité de Tilsit. Entre juillet 1808 et décembre 1819, Barbe avait mis au monde huit enfants, dont deux étaient morts, le dernier en 1820, un mois après sa naissance, et l’aîné en 1821. 5. Jean-Frédéric, baron de Zandt, baron de Loche-Winchelhausen, grand maître général aux armées de Bavière. Il avait été tué en avril 1809 devant Landshut, entre ses deux fils et le colonel Niepce (H.N.D.B. p. 24). 6. Rappelons que l’échéance, primitivement fixée au 31 mars (v. 372), avait été repoussée au 31 juillet (v. 374). Force est de constater qu’à cette époque, il avait fallu la reculer une nouvelle fois de quatre mois, jusqu’à la fin novembre.

RkJQdWJsaXNoZXIy NDY2MA==