Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 753 tain, c’est que des expériences de ce genre, faites précédemment, me font augurer un heu- reux résultat pour celles qui auront lieu par la suite. Votre obligeante intervention, Monsieur, ne pourra qu’y contribuer très puissamment ; et j’en éprouverai une double satisfaction, puisque cette circonstance me permettrait de vous offrir d’y concourir d’une manière encore plus efficace, en vous associant aux avantages qui pourront résulter de ma découverte. La réputation méritée dont vous jouissez, Monsieur, m’est un sûr garant que ma confiance ne saurait être mieux placée qu’en vous, sous tous les rapports. Recevez, je vous prie, les assurances de ma considération ; J.N. Niépce. Rue de l’Oratoire, n° 1 r . // P.S. Connaissez-vous, Monsieur, un des inventeurs du Diorama, M r . Daguerre 1 ? Voici pourquoi je vous fais cette question. Ce Monsieur, ayant été informé, je ne sais trop com- ment, de l’objet de mes recherches, m’écrivit l’an passé dans le courant de janvier 2 , pour me faire savoir que depuis fort longtems, il s’occupait du même objet, et pour me demander si j’avais été plus heureux que lui, dans mes résultats. Cependant, à l’en croire, il en avait déjà obtenu de très étonnans ; et malgré cela, il me priait de lui dire d’abord, si je croyais la chose possible 3 . Je ne vous dissimulerai pas, Monsieur, qu’une pareille incohérence d’idées, eut lieu de me surprendre pour ne rien dire de plus. J’en fus d’autant plus discret et reservé dans mes expressions, et toutefois, je lui écrivis 4 d’une manière assez honnête, assez obligeante, pour provoquer de sa part, une nouvelle réponse. Je ne la reçois qu’aujourd’hui, c’est à dire après un intervalle de plus d’un an 5 ; et il me l’adresse uniquement pour savoir où j’en suis, et pour me prier de lui faire passer une épreuve, bien qu’il doute qu’il soit possible d’être entièrement satisfait des ombres par ce procédé de gravure ; ce qui lui fait te[n]ter des recherches dans une autre application, tenant plustôt à la perfection qu’a la multiplicité. Je vais le laisser dans la voie de la perfection, et par une réponse laconique 6 , couper court à des relations dont la multiplicité, comme vous pouvez bien le penser, Monsieur, pourrait me devenir également désagréable et fatiguante. Veuillez me mander si vous connaissez per- sonnellement M r . Daguerre, et quelle opinion vous avez de lui 7 ./. 1. Louis Jacques Mandé Daguerre (1787-1851), peintre et décorateur de théâtre. Il fut l’élève de Degotis, créa- teur de décors à l’Opéra, chez qui il entra dès l’âge de seize ans, puis de Pierre Prévost (1766-1823), spécia- liste des panoramas, ces immenses décors circulaires peints sur les murs d’une rotonde et exposés à la vue des spectateurs installés au centre. Si les œuvres de Daguerre exposées dans les salons de peinture ne connurent pas un grand succès, en revanche les décors qu’il réalisa de 1817 à 1822 pour les spectacles de l’Ambigu-Comique ou de l’Opéra lui valurent les louanges unanimes de la critique et du public. Il fit en effet preuve d’originalité dans les jeux de lumière, créant des levers de lune ou bien des soleils mouvants qui res- tèrent dans les mémoires. Il porta ensuite l’art du décor au rang de spectacle à part entière en s’associant avec un autre élève de Prévost, Charles Marie Bouton (1781-1853), pour créer « un spectacle qui porterait le nom de Diorama » (v. 427n). Le Diorama connut un immense succès. En 1824, Daguerre fut fait chevalier de la Légion d’honneur. Il avait appris à se servir de la camera obscura avec Prévost qui l’employait pour pré- parer ses immenses toiles en trompe-l’œil. L’opticien qui approvisionnait Daguerre était Vincent Chevalier, celui-là même chez qui Nicéphore Niépce commandait ses lentilles. 2. Cette lettre sera perdue par Nicéphore (v. 426). Nous l’avons dit, Daguerre avait été informé de la découverte de Nicéphore par Chevalier, chez qui lui-même était client (v. App. XVI, App. XIX). Nicéphore l’ignorait-il réelle- ment? C’était sous-entendre que cette première lettre de janvier 1826 ne mentionnait pas le nom de Chevalier; ce qui est bien peu vraisemblable. Plus probablement Nicéphore tenait-il à rester discret. 3. Selon Isidore,Daguerre avait écrit exactement:«Depuis long-temps aussi je cherche l’impossible!» (I.N.p.45) 4. Le 25 janvier 1826 (v. 407). Lettre inconnue. 5. Lettre qui sera perdue en même temps que celle de janvier 1826 (v. 426). 6. V. 407. 7. Dans sa réponse, Lemaître approuvera Nicéphore dans son intention « de rompre avec lui » (v. 409). 406 1824 1829

RkJQdWJsaXNoZXIy NDY2MA==