Niépce correspondance et papiers

76 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS 57 Laissez-passer (S.H.A.T. Dossier Joseph Niépce). Inédit Chalon-sur-Saône, 20 octobre 1791. Nicéphore s’apprête à partir pour Paris. Garde nationale - Congé - Bataillon de Chalon-sur-Saone Nous soussignés certifions a tous qu’il appartiendra que sieur Joseph Niepce Barraut citoyen actif*, fils de l’ancien receveur des consignations du Chalonnois, s’est presenté ce jourdhuy par devant nous, lequel nous a réquis le present que nous lui avons octroyé, pour aller a Paris où ses affaires l’appellent 1 : attestons que le dit S r . Niepce Barraut fils a tou- jours eu une conduite et des mœurs irréprochables et qu’il s’est acquitté en toutes occa- sions, avec zele et patriotisme de son service, dans notre garde nationale des le mois d’aoust 1789, en foi de quoi nous nous sommes soussignés à Chalon sur Saone le 20. 8 bre 1791. Goint Certifié par nous major Commandant de laditte garde nationale. Blanc fils Chatagnier capitaine [N.s.m.] 12 janvier 1792 - 42 Rég t - Niepce-Barrault 2 1. Ces affaires n’étaient autres que les formalités nécessaires à son engagement militaire (v. note infra). 2. Contemporaine du document,cette annotation confirme que ce laissez-passer,de même que les certificats qui suivent (v. 58, 59, 61, 62), était destiné aux autorités militaires. Nicéphore sera « nommé à la place de sous-lieu- tenant de la compagnie du capitaine de Noury vacante dans le 42 e régiment d’Infanterie par la promotion du sous-lieutenant Dycher à une lieutenance en datte du douze janvier » (v. 72), profitant ainsi d’une des « places réservées aux citoyens actifs » (v. 73). L’accession de ceux-ci aux sous-lieutenances vacantes dans l’infanterie, avait été décrétée le 6 août 1791.Les modalités de nomination des candidats avaient été fixées le 28 septembre. Voici, en substance, ce que stipulait ce décret: Art. 2. A dater du 15 octobre prochain, nul ne pourra être admis dans l’armée qu’après avoir justifié d’une instruction et capacité suffisantes, en se soumettant à des concours ou examens.Art.3.Il sera fait à commencer du 1 er avril prochain,par des examinateurs des corps du génie,et de l’artillerie et dans le chef-lieux de chaque division militaire, et en présence des officiers supérieurs de la garni- son, et de trois commissaires choisis par le directoire du département, des examens provisoires et publics, qui auront pour objet les principes de la Constitution,et les éléments de l’arithmétique,de la géométrie et de la for- tification. Art. 4.Tous les citoyens français de 16 jusqu’à 25 ans accomplis pourront se présenter à ces examens, pourvu qu’ils soient d’une bonne conformation, et qu’ils puissent fournir des certificats de civisme, de bonnes mœurs et de bonne conduite,de leurs municipalités respectives.Art.5.Un procès-verbal de l’examen,signé par les officiers civils et militaires qui y auront assisté,ainsi que par les examinateurs,sera dressé,et des listes nomi- natives des sujets admis seront établies. Art. 6. Le ministre de la guerre fera imprimer la liste générale nomina- tive de tous les sujets admis. Art. 7. Les colonels seront autorisés à choisir sur cette liste les sujets qu’ils désire- ront présenter pour remplir les emplois de sous-lieutenants vacans dans les régiments… Nous réfutons radicalement l’hypothèse de Potonniée pour qui Nicéphore aurait choisi de s’engager dans l’armée par crainte de « suspicion », parce que « sa famille était entichée de noblesse, pieuse et royaliste, qu’elle détenait des emplois de finances » (G.P. p. 78). Bien au contraire, la municipalité de Chalon recon- naissait sans difficulté qu’il était « d’une famille honnête » de la ville (v. 58), que lui-même avait « toujours joui de l’estime et de la considération de ses concitoyens » (v.62).En réalité, c’est probablement sous l’angle économique qu’il faut considérer son engagement. Rappelons tout d’abord que les frères Niépce n’étaient pas usufruitiers de la fortune paternelle (v. 10). En outre, à la liste des préoccupations que connaissait alors sa mère, s’ajoutaient les difficultés générées par la « hideuse banqueroute » (selon le mot fameux de Mirabeau) qui ruinait la France. L’assignat, créé un an et demi auparavant, avait déjà perdu près du quart de sa valeur. A l’échelle du contribuable, les solutions supposées enrayer la crise n’étaient pas moins problé- matiques. Après la fameuse contribution patriotique extraordinaire de l’automne 1789, il fallait désormais s’acquitter d’une contribution foncière, d’une contribution personnelle-mobilière… Dans ces conditions, il n’y a rien d’étonnant à ce que les frères Niépce se soient trouvés dans l’obligation de travailler. Nicéphore lui-même, quelques années plus tard, accréditera cette thèse (v. 143). 1761 1792 Du règne de Louis XV jusqu’à la chute de la monarchie

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